Sol 10 - Repos
L’objectif du jour était simple : il n’y en avait pas. Cela fait plus de 10 jours que nous sommes arrivés à la station sans réelle pause, et nous avions tous besoin de temps pour nous reposer et nous consacrer à nos tâches respectives efficacement. Le temps était censé être pluvieux, nous n’avions donc pas prévu d’EVA, et même si ce ne fut absolument pas le cas, nous sommes restés fidèle au plan, et donc enfermés toute la journée.
Le temps n'est pas si mauvais que ça...
Par contre le vent fait des ravages
Le rythme était plus détendu aujourd’hui, l’absence d’EVA permettant d’assouplir les horaires des repas notamment. Ce fut le moment pour moi de former Xavier et Mouâdh à ce cher jeu qu’est la coinche. J’ai passé la plupart de la journée à travailler sur la vidéo de milieu de rotation, que je voudrais pouvoir publier dans quelques jours. Xavier passa le plus clair de son temps dans le dôme, à étudier le système d’alimentation de la station, -des panneaux solaires relayés en cas de besoin par un générateur thermique qui recharges des batteries- pour le documenter pour les prochains équipages. Nous avons également presque tous fait la sieste, histoire de se régénérer après dix jours à se lever tôt.
Introduction à la coinche
L'ingénieur au travail
Louis au montage vidéo
Comme il n’y a pas de nouvelles très fraiches à se mettre sous la dent aujourd’hui, je voudrais parler d’un sujet que j’ai simplement mentionné pour l’instant : la nourriture. Sans tomber dans l’extrême, nous nous restreignons pour ne pas épuiser nos stocks, et n’avons aucun produit frais, à l’exception des salades et des radis venant occasionnellement de la serre. Nous, et pour ne pas nous citer, en particulier Simon et moi-même, ne sommes jamais vraiment rassasiés en sortant de table. Nous avons donc dû ruser pour ne pas nous ruer sur des snacks à 16h ou minuit. Nous sommes pour la plupart assez sportifs, et mangeons donc en quantité en France, mais ici, nous devons nous forcer à limiter nos apports, du fait de notre activité physique grandement diminuée. Nous avons donc trouvé deux parades : nous avons une quantité de féculents relativement conséquente, si bien que les plus affamés peuvent rajouter du riz ou des pâtes sans trop de problèmes à la fin d’un repas (et pourquoi pas au petit déjeuner, si la pénurie arrive). De plus, nous sommes aux Etats-Unis, si bien que l’étage snacks du placard est bien plus rempli qu’à nos habitudes. Nous avons donc passé les premiers jours ici à manger du beurre de cacahuète, des biscuits en tout genre, voire du glaçage à des heures improbables, mais avons vite réalisé que si nous voulions éviter de prendre 15 kg le temps de la mission, il allait falloir trouver autre chose. Et c’est à ce même étage du placard que se cache notre deuxième solution à la fringale : les pop-corn. Les grains sont particulièrement peu volumineux et donc simples à stocker, nous en avons une quantité impressionnante à disposition, ils ne constituent pratiquement aucun apport calorique s’ils sont mangés natures, et prennent une place particulièrement grande dans nos estomacs…
Illustration de l'expansion volumique des popcorns
Enfin, je me dois de mentionner l’anecdote de jour, qui eut en fait lieu hier soir : Xavier était en train de remplir le réservoir d’eau de la capsule sur la mezzanine, au-dessus des chambres -ce qui se fait à l’aide d’un interrupteur manuel-, puis s’en alla, oubliant pourquoi il était monté. Ce n’est qu’en entendant l’eau couler en dehors de la citerne qu’il réagit et s’empressa d’arrêter la pompe, et d’éponger le trop plein. C’est alors quelques minutes plus tard que nous avons entendu Victoria se demander pourquoi elle avait été réveillée par une douche surprise. Pas sûr que cela aide à la cohésion d’équipage.
Louis MANGIN