Sol 6 - EVA avortée
L’EVA d’aujourd’hui était censée être courte. Nous ne pouvions encore pas utiliser le ballon, de la pluie et du vent étant prévus pour la matinée. Nous avions donc prévu de partir en repérage dans un canyon au sud de la base après avoir rendu visite au sismomètre, et de profiter de l’occasion pour prendre des photos « officielles » en extérieur, avec banderoles et drapeaux. Je sortais aujourd’hui avec Louis, en leader, Xavier et Mouadh.
Nous avons utilisé pour la première fois les ATV, en plus d’un rover. Ils sont individuels, plus nerveux et semblent plus agréables à conduire depuis ma place de passager assignée de journaliste transportant l’appareil photo… Arrivés au sismomètre, bonne nouvelle, rien n’a bougé, les plaques l’ont bien protégées du vent d’hier. Nous récupérons la clef USB contenant nos données sismiques, l’échangeons avec sa remplaçante. C’est juste après que nous furent confrontés à un premier problème : le bandeau de Xavier est maintenant au beau milieu de sa figure, le rendant à moitié aveugle. Cela parait trivial, mais nous ne pouvions rien faire pour l’aider sur le coup, et il ne réussit pas à le dégager en se frottant aux parois du casque. Il était donc condamné à rester dans cet état jusqu’à notre retour. Nous repartons tout de même pour notre objectif suivant, en échangeant simplement de places pour me laisser conduire.
Le temps était de plus en plus mauvais, la pluie se rapprochant. En arrivant près de notre but, nous rencontrons notre second problème : une poignée de vaches pâturent paisiblement sur notre chemin. Pas terrible pour la simulation. De plus, les traverser en scaphandre, avec un malvoyant, tout en agissant comme si elles n’existaient pas devient délicat si elles décident de participer à la promenade.
Il fallait prendre une décision et Louis s’en chargea : demi-tour, nous partons explorer un autre secteur, n’ayant rien d’essentiel à faire ici. Nous remontons donc sur nos véhicules pour revenir en arrière. Partant à l’assaut d’une colline, nous faisons face à notre troisième difficulté du jour : la buée. L’humidité ambiante due aux premières gouttes aidant, notre casque devient presque opaque, si bien que plus personne ne peut donner la marche à suivre. Louis prend alors la décision la plus sage : retour à la base, après moins d’une heure d’EVA.
Ce fut tout d’abord décevant. Mais il est important d’en tirer les enseignements qui s’imposent : nous sommes limités par la météo terrestre, comme le seraient des marsonautes par des tempêtes, ou des éruptions solaires, et en cas d’imprévu, il est primordial de suivre une seule directive et de s’y tenir. Pendant ce temps dans la station, la première pousse de laitue a pointé le bout de son nez hors de notre potager d’intérieur Végidair, et Simon, Arthur et Xavier ont tenté de réparer nos radios défectueuses.
Demain, pour la première fois depuis le début de la simulation, ce sera au tour d’un membre nouveau de cette année, Simon de diriger une EVA, et de nous emmener Victoria, Arthur et moi vers une aventure si possible plus fructueuse.
Louis MANGIN