Sol 13 – Journée sur le terrain
« Et dans certaines maisons, on entendait le cliquetis d’une machine à écrire, l’écrivain au travail ; ou bien le stylo grattant le papier, le poète au travail ; ou bien aucun bruit du tout, l’ancien ferrailleur au travail. »
Chronique n°13 des Chroniques Martiennes de Ray Bradbury
… ou bien le cliquetis d’un clavier, le journaliste au travail ! Je me suis dit qu’aujourd’hui, je prendrai le début de ce rapport pour parler un peu de ce qui occupe une grande partie de mes journées à la MDRS. J’aime pouvoir suivre les différentes expériences de chaque membre d’équipage, ainsi que de participer aux recherches. J’ai la chance de pouvoir équilibrer le travail scientifique avec des activités plus « artistiques » : prendre et éditer des photos de mes coéquipiers, et faire ce que j’aime le plus, c’est-à-dire écrire.
Aujourd’hui il y eut de nombreuses occasions de prendre des belles photos ; j’étais de la partie pour la première EVA de géologie. Alice, notre EVA leader, emmena Jérémy, Adrien et moi-même à Kissing Camel Ridge, au sud de la station. Après avoir exploré le terrain, Alice nous a donné des instructions pour dessiner le relief, pour que nous puissions noter où nous avions récupéré les échantillons. Elle nous a ensuite montré comment les choisir et les tester à l’aide du MetMet. Cet instrument permet aux géologues de mesurer la susceptibilité magnétique et la conductivité des roches directement sur le terrain ; ainsi, on peut déterminer l’intérêt scientifique d’un échantillon avant de le collecter.
Nous avons beaucoup apprécié nous éloigner un peu plus du Hab pour explorer des reliefs martiens différents, et aussi d’avoir de nouveaux objectifs pour les EVA ! Ces derniers ayant été remplis, nous nous sommes beaucoup amusés à plaisanter à la radio tout en récoltant des échantillons. Fatigués mais heureux, nous sommes rentrés au Hab à temps pour le bon repas préparé par Corentin. Quentin a essayé de faire du pain, tentative qui ne s’est pas tout à fait passée comme prévu…
Après le déjeuner, Jérémy a commencé à prendre un peu de temps pour nous parler individuellement et faire un point sur comment nous nous sentons à mi-mission. Quentin a aussi commencé à implémenter le système de localisation dans le Hab, avant de le déployer dans toute la station. A terme, il y aura 10 circuits imprimés que nous appelons « ancres » répartis partout dans la station, et chaque membre d’équipage en portera également un sur soi (que nous appelons « balises »). Toutes les 10 secondes, les ancres et les balises « communiqueront » et enregistreront la distance entre elles. Ainsi, nous pourrons savoir combien de temps passent les membres d’équipages dans différents types d’endroits (lumineux ou sombres, bruyants ou calmes, seuls ou avec d’autres personnes, etc.) grâce aux capteurs environnementaux. Bien sûr, ces données seront anonymisées!
Couplées avec les données physiologiques et cognitives que nous avons récoltées, le chercheur de KTH avec qui nous travaillons pourra analyser comment l’architecture et l’environnement de la station affecte notre travail, notre santé et notre mental.
Nous avons hâte de passer un samedi soir de détente, mais surtout une nuit reposante.
Marie Delaroche