Un nouveau jour intense sur Mars, le genre de jour dont on se souviendra une fois revenu sur Terre.
Au programme : dernière session d’échographie pour tout le monde, finir le travail de géologie à Candor Chasma pour Mathéo, Elena, Cerise et moi-même, réparer notre installation radio… et autres.
Définitivement, l’expérience d’échographie doit être notre préférée. Si vous êtes assignés au rôle de sujet, vous vous allongez simplement sur un lit confortable, durant une demi-heure, jusqu’à ce que vous deveniez « premier opérateur ». Ce dernier est concrètement celui qui expérimente. Cette personne a une sonde dans la main, l’application EchoFinder dans l’autre. Comme décrit dans le rapport du Sol 2, cela se passe « comme un jeu », et pour « gagner » vous devez avoir une bonne image. Dans l’équipage, on prend ça comme une manière de se challenger entre nous, et comme vous devez le savoir, Elena est toujours la meilleure concurrente… Une fois que tous les organes demandés sont passés en revue, que vous avez mesuré votre performance et écrit votre ressenti sur le protocole procuré par le CNES, c’est bon. Vous devenez alors « opérateur 2 », pour aider le premier à mesurer ses performances et l’assister. Et comme finalement c’est un temps pour expérimenter ensemble, pour parler durant les changements de sondes, pour partager un moment, c’est toujours agréable.

Comme je le disais précédemment, l’équipage est retourné à Candor Chasma, pour compléter nos relevés dans la zone, que l’on avait commencé la veille. Mais, étant donné que c’était le même genre de « sortie sportive » que la précédente, ce sont ceux qui n’y sont pas allés hier qui ont été désignés pour sortir. Nous avons eu beaucoup moins de difficultés pour se rendre aux points d’intérêts, pour la simple raison que nous avons été sagement briefés par les martionautes qui s’y sont rendu hier. De plus, nous avons eu l’occasion de faire voler plusieurs fois le drone PARROT, qui nous a permis d’avoir une vision claire de notre environnement. Nous avons vraiment aimé cette matinée. Être opérateur dans de telles conditions est vraiment unique, d’autant plus que cela s’est bien passé : notre « pistolet laser », la LIBS Z-903, a parfaitement fonctionné. La météo était bonne, les couleurs étaient magiques. Jetez donc un œil à la photo prise par le drone ce matin !
Ces derniers jours, nous avons eu des difficultés à faire fonctionner notre installation d’antenne. Notamment à cause de notre transformateur qui a décidé de ne plus délivrer assez de courant pour une raison que l’on ignore. Nous avons reçu des conseils du radio club de Toulouse pour résoudre ce problème : utiliser un chargeur de batterie de voiture, avec une batterie de voiture (que nous utilisons habituellement pour nos expériences atmosphériques). Et cela a marché ! Vous verrez que cela semble beaucoup plus « artisanal » qu’avant, mais tout est bien branché de manière sécurisée : la sécurité avant tout, même avant la science.

C’est intéressant de nous voir travailler actuellement, on semble vivre dans une certaine « normalité » alors que cela n’est pas le cas. L’enchainement de nos activités au cours de la journée, l’entretien de la station, les expériences, les EVAs… Tout cela forme notre vie de tous les jours, et on ne le questionne presque plus… C’est seulement quand nous prenons volontairement du recul que nous réalisons concrètement notre condition. On doit être devenu de vrais martiens !

Nicolas Wattelle