3 Mars 2017
SOL 19 – Crew 175 : Conclusions
Rapport du journaliste du 02/03/17.
Aujourd’hui fut notre dernier sol. Il est pourtant arrivé si vite. Le fait d’être tenu occupé toute la journée a dû aider à ne pas voir le temps passer… J’étais le leader de l’EVA de ce matin, où nous sommes allés avec Xavier, Arthur, Louis et Simon explorer Lith Canyon, à l’extrémité Nord de la carte, emmenant avec nous lunettes connectées et sextant. Avant de partir, nous avons battu notre record d’engineering check (intraduisible : une série de contrôles de maintenance autour de la station au début de chaque EVA) : 5 minutes. Les procédures mises en place par Xavier ont porté leurs fruits.
LITH CANYON
Le lieu que nous avons découvert semblait irréel : la plaine s’ouvrait brusquement sur un canyon profond, laissant des strates apparentes sur les parois encadrant celui-ci. La gorge donnait alors sur une deuxième, en contrebas, donnant elle-même sur une troisième. A chaque fois, la suite était insoupçonnée. Nous avions initialement prévu de partir pour une seconde destination, mais avons finalement décidé d’explorer complètement la zone. Ce fut l’occasion pour moi, en bon journaliste de ressortir et de reprendre de belles photos de paysages inédits et surprenants, autant dire que j’étais ravi. Nous avions également prévu une séance de rattrapage de photos en EVA avec nos différents drapeaux, pour ceux qui n’avaient pas participé à la première.
La communauté européenne
L’après-midi, tout le monde fut occupé à rédiger ses derniers rapports, finir les différents travaux en cours dans la station. Nous avons décidé de mettre fin à la simulation à 16h30. Nous sommes alors sortis ensemble, sans équipement, juste pour respirer l’air pur du désert. La sensation est simple mais nous fit tout de même un effet particulièrement satisfaisant. Le paysage apparaissait également différemment, maintenant que nous le regardions dans les yeux. Le décor qui nous entoure est vraiment hors du commun, mais il nous fallait parfois attendre le soir et ma traditionnelle projection des photos du jour pour que tout le monde s’en rende compte, étant donné l’état des casques, la buée, l’obligation de regarder devant soi pour ne pas trébucher et le temps limité.
Des ombres sans scaphandre
Nous sommes ensuite partis marcher ensemble pour voir le coucher de soleil du plateau qui surplombe la station. Le changement de décor était encore une fois sans transition. Une fois les strates ocres et les arrondis de derrière la station franchis, on arrive sur une étendue parfaitement plane, recouverte entièrement de coquillages fossilisés, avec une dominante grise, et quelques rares herbes, Skyline Rim en fond, comme clôturant la plaine. Une fois là-haut, quelque chose d’autre me fascina : je dis à tout le monde de s’arrêter et de se taire : et là, nous l’avons entendu : un silence absolument parfait. C’est à la fois déroutant et fascinant. Après trois semaines dans la station, avec le groupe électrogène dehors, la soufflerie de la chaudière au rez-de-chaussée, la pompe à l’étage -le faisant trembler dans son ensemble dès que quelqu’un utilise de l’eau-, et six collègues en permanence à quelques mètres, autant dire que le silence perturbe.
Des fossiles à perte de vue
Coucher de soleil sur Skyline Rim
On dirait donc que c’est tout. Mission achevée. Il nous reste bien quelques détails à régler, un peu de ménage à faire, et entre 48 et 72 heures aux Etats-Unis selon notre cas, mais nous allons tous quitter la MDRS demain. Sache en tout cas, chère station, que ce fut un plaisir, et je suis certain que nous nous rappellerons tous de toi comme d’un lieu d’apprentissage, tant sur l’espace que sur nous-même, le tout en gardant les pieds sur Terre.
Louis MANGIN, journaliste de mission MDRS 175
2 commentaires
Salut! L’article est fascinant et les photos surprenantes ! Merci de ce partage.
A quelle hauteur étiez-vous sur la photo « des ombres sans scaphandres » ? Car les ombres paraissent immenses comparées au paysage d’en bas!
Bonjour,
Nous n’étions qu’à quelques mètres de haut, mais le soleil allait se coucher, d’où la longueur des ombres.