Sol 12

SOL 12 : Sol sur Mars

SOL 12 : Sol sur Mars

« Comment est-ce que j’arrive à deviner le futur ? Grâce aux signes du présent. C’est dans le présent que réside le secret; si tu fais attention au présent, tu peux le rendre meilleur. Et si tu améliores le présent, ce qui viendra ensuite sera également meilleur. » - L’Alchimiste, Paulo Coelho

Ce matin, Lise et Marie sont parties en EVA, accompagnée par Mathurin, à North Ridge. Leur objectif était de trouver les balises à l’aide d’une carte qu’elles ont dessiné hier à partir d’une carte en 2D du site. Léa était HabCom durant l’EVA, et elle en a profité pour traiter en parallèle des photos d’astrophotographie qui ont été prises pendant la nuit par l’Observatoire robotique. Avec son statut de HabCom, Léa pouvait savoir combien de balises les filles avaient trouvé en temps réel. Elle et moi, qui étions l’équipe avec une carte 3D lors d’une précédente EVA, suivions donc avec grand intérêt leurs performances ! Et nous devons bien admettre qu’elles se sont bien mieux débrouillées que nous… Elles ont trouvé toutes les balises en un temps record ! Elles se sont beaucoup amusées à trouver les balises cachées par les garçons en début de semaine, et elles sont rentrées au Hab à la fin de leur EVA contentes de leur performance et avec l’envie de recommencer la semaine prochaine. Ça tombe bien : lundi, Leo, Mathurin et Yves repartirons vers un autre site, Candor Chasma, pour refaire la même expérience. Cette fois, lors de la recherche, Marie et Lise auront la carte en 3D et Léa et moi celle en 2D. Cela nous permettra de comparer les écarts de performances, et de savoir s’ils sont dus à la constitution des équipes ou bien vraiment aux différences des cartes !

L’après-midi a été productif pour tout le Crew ! Yves et Mathurin ont traité les données de l’EVA de photogrammétrie du matin. Pendant ce temps, Leo s’est attelé au montage de la vidéo de mi-mission qui, comme son nom l’indique, devrait sortir dans les prochains jours car nous approchons de la moitié de notre mission ! Marie et Léa ont aussi fait une séance de l’expérience EchoFinder, et ont consolidé les réparations faites hier, afin que les appareils soient bien connectés ensemble et que le logiciel fonctionne mieux. Après ça, Léa a avancé l’écriture d’un article de vulgarisation sur l’effet de la vie dans l’espace sur le corps humain, qu’elle a presque terminé ! Enfin, Lise a effectué une séance de l’expérience de Neuroergonomie dans le Science Dome et a préparé des activités de cohésion pour l’équipage ! Durant l’après-midi, je me suis occupée de trier les photos de l’EVA du matin, et de suivre chaque membre de l’équipage dans leurs activités respectives afin de les prendre en photo et de savoir ce qu’ils font pour pouvoir raconter la journée de l’équipage dans ce rapport !

Les Sols passent et nous arrivons presque à la moitié de notre mission. Nous avons l’impression d’avoir vécu dans la station pendant très longtemps, mais aussi que le temps passe très vite car nous faisons plein d’expériences et d’activités ! Aujourd’hui nous nous sommes aussi rendu compte que nous avons passé le premier jour de mars sur Mars !

Sol 11

SOL 11 : Il n’y a pas de problèmes, que des solutions !

SOL 11 : Il n’y a pas de problèmes, que des solutions !

« Et quand tu veux quelque chose, tout l’Univers conspire à te permettre de réaliser ton désir. » - L’Alchimiste, Paulo Coelho

Ce matin a eu lieu l’EVA préparée hier, pour aller sauver les instruments atmosphériques ! L’équipe d’EVA , constituée de Léa, Leo et Mathurin, s’est rendue sur le lieu d’installation pour faire plusieurs mesures sur les instruments, comme par exemple des mesures de tension, afin d’identifier d’où venait le problème qui a empêché la prise de mesure hier. Après une heure et demie de sortie dans l’atmosphère martienne, les membres de l’équipage ont réussi à résoudre le problème. A leur départ du site, les instruments fonctionnaient et enregistraient des mesures, nous espérons que lors de la prochaine EVA de récupération de données, tout aura bien fonctionné !

En fin de matinée, pendant que je faisais une séance pour l’expérience TILT, Lise et Mathurin ont travaillé sur la récupération des données de la balance que nous utilisons. En effet, pour nos mesures de Core Data le matin, nous utilisons un impédancemètre qui enregistre une grande quantité de données : masse, masse musculaire, santé nerveuse, électrocardiogramme, … Cette balance, aussi liée aux montres que chaque membre d’équipage porte en continu au poignet, nous permet de collecter chaque jour des données sur notre état de santé physique. Lise et Mathurin ont donc développé un code permettant de retranscrire toutes ces données automatiquement dans des fichiers plus lisibles que les données brutes pour pouvoir ensuite les transmettre à différents chercheurs avec lesquels nous avons monté des expériences. Ensuite, Lise et Marie ont réussi à faire fonctionner le logiciel d’EchoFinder qui nous posait problème depuis plusieurs jours !

Aujourd’hui, l’équipage, et plus particulièrement Léa, notre astronome de bord, a reçu une excellente nouvelle. Léa, depuis le début de la mission, était privée de l’Observatoire solaire de la station car une de ses pièces avait besoin d’être changée. Cela a été compliquée car tout son projet d’astronomie reposait sur cet observatoire. Et aujourd’hui, elle a reçu un mail : d’ici le début de la semaine prochaine, elle devrait pouvoir le réutiliser ! Elle a donc eu l’autorisation aujourd’hui, pour la première fois depuis 11 Sols, d’entrer dans l’Observatoire solaire et de commencer à se familiariser avec le matériel. Son sourire nous a montré qu’il ne faut jamais perdre espoir !

Dans l’après-midi, Lise et Marie ont préparé leur EVA de demain, sous la supervision d’Yves. Elles ont été équipées d’une carte 2D classique pour préparer leur parcours pour trouver les mêmes balises que l’équipe qui avait une carte 3D. Elles ont passé environ une heure à étudier la carte et préparer leur plan. Il a été difficile pour elles de se repérer dans les reliefs de North Ridge avec une carte en 2D ! Elles pensent avoir bien compris, mais ont du mal à visualiser le paysage. Elles ne veulent pas partir trop confiantes, elles gardent donc leurs réserves. Vous vous en doutez sûrement, une concurrence bon enfant s’est installée entre l’équipe 2D et l’équipe 3D, ce qui rend l’expérience assez amusante et les membres d’équipage encore plus impliqués dans les résultats de photogrammétrie !

Sol 9

SOL 9 : Dessine-moi une montagne !

SOL 9 : Dessine-moi une montagne !

« Alors vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de petite voix m’a réveillé. Elle disait :

«S’il vous plaît... dessine-moi un mouton!

-Hein!

-Dessine - moi un mouton...» » - Le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry

Nous avons commencé notre journée par une séance de sport, comme d’habitude. Ce qui changeait cette fois, c’est que la séance était plutôt centrée sur des étirements. En effet, après plus d’une semaine de séance de sport assez intenses, nous avions bien besoin d’un peu plus de calme et de détendre nos muscles  !

Dans la matinée, Mathurin, notre GreenHab Officer, a passé beaucoup de temps dans la serre. Il y va plusieurs fois par jour pour arroser, mais ce matin, il a passé du temps à planter de nouvelles plantes, et à déplacer certaines qui étaient trop serrées pour pouvoir se développer correctement. Il a par exemple planté du basilic car nous aimons beaucoup en ajouter dans notre nourriture lyophilisée ! Nous aimons tous accompagner Mathurin au GreenHab de temps en temps : c’est l’endroit le plus lumineux de la station. Contrairement aux autres modules, les parois de la serre sont relativement transparentes et laissent filtrer les rayons du soleil. Il y fait parfois très chaud, mais les sensations nous rappellent la Terre ! De plus, être entourés de plantes et de verdure est très agréable dans notre environnement confiné ! Pendant ce temps dans le Hab, Yves a continué à travailler sur les cartes 3D pour les EVA de photogrammétrie de la semaine ; tandis que Léa et Marie ont commencé à créer des articles de vulgarisation scientifique traitants des missions spatiales. Lise s’occupe de collecter les données des capteurs que nous portons pour l’expérience Orbital Architecture, ce qui lui prend beaucoup de temps : en effet, il y a environ 8 Go de données par membre d’équipage juste pour la première semaine de mission ! Pour ma part, avec Leo, nous sommes allés de module en module pour filmer des vidéos, où chaque membre de l’équipage présente une partie de la station.

Ce midi, nous avons encore eu droit à un repas MELiSSA : des muffins aux poireaux ! Lors de la préparation, Leo et Lise n’ayant pas trouvé de moule à muffins, ils en ont confectionné 7 avec du papier d’aluminium. Et finalement, dans l’après-midi, lorsque Lise nous a fait des cookies pour le goûter, Yves a ouvert un tiroir sous le four et… a trouvé un moule à muffins ! Ce problème nous aura au moins permis de voir à quel point l’équipage sait s’adapter et trouver des solutions !

En fin d’après-midi, Léa et moi avons préparé notre EVA de demain. Avec la carte 3D générée avec la photogrammétrie lors de l’EVA précédente, nous avons repéré les balises que nous devrons trouver demain. En 45 minutes, nous avons pu prendre des notes, faire des dessins et réfléchir à notre parcours. Le but sera de comparer nos performances avec celles de l’équipe de Marie et Lise, qui auront une carte 2D et les mêmes balises à trouver dans une prochaine EVA !

Sol 8

SOL 8: Who run the Hab? Girls!

SOL 8: Who run the Hab? Girls!

« Le jeune homme se prit à envier la liberté du vent, et comprit qu’il pourrait être comme lui. Rien ne l’en empêchait, sinon lui-même. - L’Alchimiste, Paulo Coelho

Ce matin a eu lieu la première EVA de photogrammétrie. Particularité : cette EVA était 100% masculine ! Tous les garçons sont sortis dans l’atmosphère martienne, laissant le Hab aux quatre filles de l’équipage. Dehors, Mathurin pilotait le drone en prenant des photos de North Ridge, pour que le drone puisse ensuite générer une carte 3D du lieu durant le traitement de données qu’ils ont effectué dans l’après-midi. Il y avait du vent ce matin, le drone n’aurait peut-être pas pu décoller… En tant que HabCom de l’EVA, je leur donnai toutes les 10 minutes les informations de vitesse du vent grâce à la station météo que nous avons installée lors d’une précédente EVA. Mais finalement, le drone était très performant et tout s’est bien passé ! Pendant ce temps-là, Leo et Yves plaçaient des balises, que nous seront chargées de retrouver lors des deux prochaines EVA. Dans le Hab, les filles travaillaient sur les expériences : Marie s’occupait de l’interface AMI, Léa continuait à se former sur l’astrophotographie, Lise a pris soin du GreenHab en l’absence de Mathurin et comme je l’ai déjà dit, j’étais HabCom pour l’EVA des garçons. Nous avons quand même été très contents de réunir tout l’équipage à la fin de la matinée !

Dans l’après-midi, Yves a fini de former l’équipage à l’expérience EchoFinder, avec la formation de Leo et Léa. Maintenant, tout le monde a la capacité d’échographier Marie et sait comment utiliser le logiciel de l’expérience. A chaque séance, nous repérons 5 organes dont la carotide par exemple, aidés par la réalité augmentée et l’intelligence artificielle pour prendre des images de qualité des organes. Les opérateurs de l’expérience prennent des notes sur les remarques qu’ils souhaitent transmettre aux chercheurs afin de perfectionner le logiciel et qu’il soit un jour utilisé lors de missions spatiales.

Enfin, Lise a récupéré les données de la semaine dernière de l’expérience Orbital Architecture. Cette expérience, qui a été emmenée dans l’ISS trois semaines avant le début de notre mission, a pour but d’étudier l’influence de l’architecture et l’environnement de la station sur les astronautes analogues. Nous effectuons trois tests cognitifs chacun par semaine dans différents modules, nous portons des capteurs qui enregistrent nos positions dans la station, et des polars qui mesurent notamment notre rythme cardiaque. Les résultats des tests, des données de positions, et des questionnaires que nous remplissons permettent au chercheur de l’université de KTH d’analyser nos performances !

Sol 7

Sol 7 : « Carpe Diem »

Sol 7 : « Carpe Diem »

« Les choses simples sont les plus extraordinaires, et seuls les savants parviennent à les voir. » - L’Alchimiste, Paulo Coelho

Aujourd’hui, c’est dimanche à la MDRS ! La journée a donc commencé légèrement plus tard que d’habitude : réveil à 8h30 au lieu de 6h45 comme le reste de la semaine ! La séance de sport quotidienne a aussi été allongée de 30 minutes, et nous profitons d’une longue séance de 1 heure bien cardio qui nous met en forme pour cette journée de week-end. Pour le petit déjeuner, Yves et Mathurin ont pris le temps de cuisiner des pancakes. Ils étaient délicieux et nous en avons tellement mangé avec du sirop d’érable que nous avons décidé de faire juste un brunch et de ne pas manger à midi !

Ensuite, qui dit fin de semaine dit ménage ! Depuis que nous sommes arrivés dans la station, nous n’avons pas réellement nettoyé notre lieu de vie. Ce matin, nous avons pris le temps de bien nettoyer toutes les tables, les plans de travail, les plaques de cuisson. Comme nous surveillons très précisément noter consommation d’eau tous les jours, nous faisons attention à ne pas gâcher d’eau, même pendant le ménage. Léa a réussi à passer l’aspirateur après s’être battue avec l’appareil pour le faire fonctionner. Après une semaine, le sol était bien sale… Mais maintenant, tout est propre et bien rangé pour la semaine et cela fait beaucoup de bien à tout l’équipage ! Finalement, nous avons effacé le tableau blanc qui nous servait à suivre nos tâches quotidiennes, maintenant qu’elles sont indiquées dans l’interface AMI. Ainsi, nous avons pu y écrire des citations, dont « Carpe Diem » !

Dans l’après-midi, nous profitons tous d’un temps plus calme, entrecoupé de quelques instants de travail : Yves a collecté les données de toutes les expériences de la semaine, et certains membres d’équipage ont quand même effectué des tests cognitifs pour l’expérience Orbital Architecture. Nous nous sommes quand même tous reposés, soit en lisant, en faisant du tricot ou du crochet, ou en faisant un puzzle et écoutant de la musique… L’ambiance est détendue en cette fin de premier week-end sur Mars !

Sol 6 – OSE

Sol 6

Le message de l'équipage

Coucou, petite uptade en direct de la planète rouge où nous prenons soin de vos graines de cresson. Première observation lorsque nous arrosons la terre martienne : celle si n’absorbe pas du tout l’eau que nous lui donnons. C’est plutôt contraignant car nous devons arroser avec la même quantité les deux pots, nous sommes donc limités! J’essaye donc de passer assez souvent au GreenHab dans la journée pour arroser. Lorsque la terre martienne sèche, celle-ci devient dure comme du béton. Si l’un d’entre vous peux expliquer ce phénomène en faisant quelques recherches n’hésitez pas à m’envoyer ce que vous trouvez à l’adresse mathurin.franck293@gmail.com. Nous n’avons pas internet de notre côté, nous pouvons simplement envoyer des mail entre 19h et 21h.. Deuxième observation, ça pousse !! Et d’ailleurs de manière différente. Les pousses dans le sol terrestre ont seulement mis une journée pour faire apparaître leurs premières petites racines. Du côté du sol martien, cela prend beaucoup plus de temps.

Données des capteurs environnementaux

La commande pour faire des graphes rapidement à partir des données de nos capteurs environnementaux n’est pas encore fonctionnelle. Ce sont des élèves de dernière année à Supaero qui gèrent cela, nous attendons leur retour !

Sol 2 – OSE

Sol 2

Opérations effectuées :

Aujourd’hui nous avons semé les graines de cresson. Mieux qu’un texte, nous vous avons fait une petite vidéo (voir MESSAGE DE L’EQUIPAGE)
Voilà le protocole que nous avons suivi :

Nous avons regroupé les meilleures idées de chaque établissement. Pour retrouver vos idées, vous pouvez utiliser les codes couleurs suivant :

  • Lycée Gallieni
  • Collège Nougaro
  • Lycée Déodat
  • Toutes les équipes
  • Choix de la plantation : : Cresson, profondeur de semis = surface, temps avant récolte = 15-20j
  • Date du semis : : Sol 2
  • Matériel:
    • - 100 graines de cresson (2 paquets de 50 graines)
    • - 2 pots de 10 cm de diamètre, avec coupelle dessous
    • - Etiquettes (2)
    • - Engrais liquide
    • - Terreau
  • A faire :
    • -Prendre l’échantillon de terre du désert le plus proche de la terre martienne, parmis les 6 échantillons prélevés en EVA -> Faire Test de salinité (voir annexe protocole test salinité)
    • - Introduire la terre martienne dans 1 pot et l'étiquetter “Sol Martien”
    • - Introduire Introduire le terreau dans l’autre pot et l'étiquetter “Sol Terrestre”
    • -Mettre la dose correspondante (voir étiquette de l’engrais) d’engrais liquide dans le pot de sol martien
    • -Déposer 50 graines de cresson à la surface de chaque pot
    • - Bien arroser jusqu’à ce que la terre soit bien humide
    • - Faire vidéo de présentation, à envoyer aux élèves
    • - Installer le nécessaire pour le suivi de la croissance : téléphone pour vidéo timelapse (si possible), feuille de relevé de température, pression, humidité, luminosité, feuille de relevé de taille

Le message de l'équipage

Données des capteurs environementaux

Les capteurs environnementaux sont déployés dans la station vous aurez les données au prochain post !

Sol 26

Sol 26 – C’est pas fini tant que c’est pas fini… mais là, c’est fini !

« “J’ai toujours voulu voir un martien, ” dit Michael. “Où sont-ils, Papa ? Tu avais promis. ”

“Les voilà, ” dit Papa, en décalant Michael sur son épaule et pointant vers le bas. 

Les martiens étaient là. Timothy frissonna.

Les martiens étaient là, dans le canal : reflétés dans l’eau. »

Chronique n°26 des Chroniques Martiennes de Ray Bradbury

En nous réveillant ce matin, nous savions que nous allions contempler notre dernier lever de soleil martien. Nous devons rentrer sur Terre aujourd’hui, et rester concentrer dans de telles circonstances n’a pas été facile ! Malgré tout, Corentin a animé la dernière séance de sport de la mission, et nous avons petit déjeuné, presque comme si de rien n’était.

Une équipe d’EVA composée de Quentin, Alexandre et Corentin ont ensuite procédé à la dernière sortie extravéhiculaire, dans le but de désassembler et de rapatrier au Hab tous les instruments atmosphériques déployés au cours de la mission : le LOAC, le moulin à champ, Purple Air, la station météo, et l’antenne MegaAres. Pour pallier tout problème potentiel, Quentin avait demandé une EVA de quatre heures, mais l’équipe a pu remplir tous les objectifs en moins de deux. Après un discours d’adieu à Mars digne de Neil Armstrong de la part de Quentin et quelques dernières photos, les trois astronautes se sont redirigés vers la station. 

En remplissant mon rôle de HabCom durant l’EVA, j’écoutais d’une oreille distraite la discussion entre Jérémy et Adrien. Une question a attiré mon attention – et si nous avions fait des choix différents ? C’est-à-dire, et si nos chemins respectifs ne nous avaient pas mené jusqu’ici ? La simple évocation d’un univers où je n’aurais pas pu vivre cette expérience me fit réaliser à quel point j’y tenais. Pendant un bref instant, je fus persuadée que chaque choix que j’avais fait avait contribué à m’amener jusqu’ici, d’une manière ou d’une autre.

Après le déjeuner, nous avons été « surpris » par un deuxième protocole d’urgence, durant lequel nous avons détecté une brèche dans le GreenHab. Difficulté supplémentaire : comme prévu par Quentin et Alexandre, un membre d’équipage devait simuler un évanouissement lors des vérifications des capteurs de pression pour perturber l’exécution du protocole. Malgré cet imprévu, notre coéquipier a été ramené en sécurité au Hab par notre Agent Santé-Sécurité. Au cours de la journée, nous avons continué de désinstaller nos dispositifs et nos expériences : des capteurs environnementaux à l’aquaponie, tout a dû être rangé. La récolte faite par Adrien et Corentin attend patiemment la fin de la fenêtre de communication pour être dégustée !

Je trouve toujours fascinante la capacité des Hommes à s’habituer aux choses extraordinaires. En arrivant à la station le mois dernier, nous étions face à notre rêve, face à ce pour quoi nous avions tant travaillé, et pour cette raison même, nous nous sentions invincibles. Ces dernières semaines, nous avons bravé des tempêtes, vécu sous le joug de Mars, joué selon ses règles, rencontré des obstacles, et parfois un brin de malchance… Il est encore difficile de se retourner et de voir ce que nous avons accompli : tout cela semble encore faire partie de notre quotidien, des opérations de routine, et les petits pas que nous faisons depuis le début ne s’associent pas encore entre eux pour former le pas de géant qu’a été cette mission. Mais dans quelques temps, peut-être pas plus tard que ce soir, nous nous sentirons encore plus invincibles qu’au Sol 1 : les résultats scientifiques que nous avons produits et les amitiés que nous avons forgées apparaîtront, évidents, devant nos yeux.

À 17h, nous avons ouvert les deux portes du sas, et avons couru, couru sur les dunes non plus martiennes, mais bien terrestres, sentant le vent fouetter notre visage et les accolades de nos coéquipiers.

S’il y avait eu de l’eau et des canaux dans le désert de l’Utah, nous aurions peut-être décelé, ne serait-ce que pour un court instant, quelques traits martiens sur nos reflets souriants de terriens. 

Marie Delaroche

Sol 25

Sol 25 – Sauvons la station!

“Derrière la porte, la gazinière fabriquait des pancakes, remplissant la maison d’une odeur de pâte cuite et de sirop d’érable. »

Chronique n°25 des Chroniques Martiennes de Ray Bradbury

Plus que deux Sols ! L’équipage ambitionne d’en tirer le meilleur. Chacun d’entre nous travaille jusqu’au bout pour finaliser ses expériences, récupérer et organiser les derniers jeux de données. Malgré le fait que nous commençons tous à fatiguer, l’inexorable approche de la fin de mission n’a pas affecté notre enthousiasme. Néanmoins, quelques signes ne trompent pas : nous parlons davantage entre nous de ce qui nous attend après (même si le mot « après » fait un peu peur ! ), de nos prochaines aventures sur Terre, de nos familles et amis que nous avons hâte de revoir. 

Ce matin, nous avons préparé Alice, Adrien et Jérémy pour leur dernière EVA sur le sol martien. Bien que nous ayons à présent « l’habitude » d’effectuer des sorties extravéhiculaires, et que nous soyons maintenant plus efficaces que jamais pour nous équiper, Quentin, Alexandre et moi avons évoqué l’importance de prendre ces sorties très au sérieux. Alors que nous voyions les deux rovers disparaître derrière une colline et que je perdais peu à peu le contact radio, nous avons réalisé à nouveau à quel point l’on pouvait se sentir isolés et vulnérables face à l’environnement hostile qui nous entoure. Seulement deux Sols restent au compteur, mais cela, Mars ne le sait pas. 

Nos explorateurs de retour au Hab, nous avons profité d’un déjeuner relaxant, écoutant et discutant de la musique que Jérémy mettait sur l’enceinte. Ce que nous avions oublié, c’est qu’elle n’allait pas diffuser que de la musique dans l’après-midi… Alors que Corentin et Quentin terminaient une session EchoFinder et qu’Adrien rentrait du GreenHab, l’alarme de dépressurisation a résonné. Immédiatement, nous nous sommes rassemblés dans le Lower Deck pour commencer la simulation du protocole d’urgence, conçu pour tester comment AI4U pourrait assister de futurs astronautes dans la réalisation de protocoles complexes. Deux membres d’équipage ont fait le tour de la station pour vérifier des capteurs et identifier la fuite. L’équipe d’EVA d’urgence pouvait alors sortir par le sas principal et « réparer » la station depuis l’extérieur. Grâce à eux, le Science Dome est à nouveau accessible ! 

Après les 30 minutes prévues pour cette opération, chacun est retourné à ses tâches. Dans l’après-midi, Alice et Quentin ont préparé des pancakes et du pain, pendant que je triais et retouchais les photos prises lors de l’EVA de ce matin. Alors que l’horaire fatidique de la fenêtre de communication approchait, je prenais un peu plus mon temps que d’habitude pour écrire ce rapport, lorsque Jérémy nous a rappelé que ce soir était notre dernière soirée sur Mars… officiellement. J’ai ressenti une décharge d’adrénaline: tirons-en le meilleur!

Marie Delaroche

Sol 24

Sol 24 – Tous dans le même bateau

« À votre santé ; il est bon d’être à nouveau entre amis. »

Chronique n°24 des Chroniques Martiennes de Ray Bradbury

La navette a réatterri sur Mars dans la nuit, non loin de la Mars Desert Research Station. Alice, Corentin et moi en sommes sortis, le pas léger, effet combiné de la faible gravité martienne et du bonheur d’être de retour. Quelques instants plus tard, le hublot extérieur du sas s’est illuminé ; l’équipage nous attendait ! Les visages souriants de nos coéquipiers étaient groupés derrière le hublot de la deuxième porte du sas, en attendant l’égalisation de la pression. Lorsque Jérémy a ouvert la porte, j’ai eu l’impression d’être de retour à la maison. Je les aurais bien tous serrés dans mes bras, si j’avais eu deux bras fonctionnels ! L’équipage était de nouveau au complet, prêt à terminer la mission tous ensemble.

Ce matin, comme chaque matin, au début de notre séance de sport quotidienne, on passait la chanson « Cheerleader ». Malgré mon envie de me joindre à mes camarades, je me suis simplement mise à fredonner, me disant que durant le reste de la mission, je ferai de mon mieux pour les encourager.

De manière générale, tout semble rentrer dans l'ordre : après quelques Sols chaotiques, nous essayons de réintégrer notre routine : passer nos tests cognitifs, gérer les données de nos expériences (ce que l’on appelle faire du « data handling »), écrire nos rapports. Cela me fait penser que je n'ai pas encore mentionné ce qui occupe Alice en ce moment, maintenant que toutes les expériences « tournent » en continu. En tant que responsable scientifique, elle est chargée de centraliser toutes les données produites dans le cadre de nos expériences, allant des images prises lors des sessions EchoFinder aux questionnaires quotidiens remplis par chacun des membres d'équipage. Pour reprendre ses propres mots : “Je ne fais pas de data handling. Je fais du big data handling !”

Au cours de la journée, nous avons continué à tester AI4U, l'interrogeant sur les étapes d'un protocole d'urgence écrit par Alexandre et Quentin que nous voulons commencer à simuler demain. N'importe quand dans la journée, une alarme pourra se déclencher, indiquant que l’un des modules de la station a été dépressurisé. Nous pourrons alors déterminer si l'intelligence artificielle nous permet de mieux nous organiser et d'exécuter plus efficacement le protocole d'urgence !

Hier, Jérémy a écrit que malgré les circonstances, les opérations routinières qui permettent de maintenir la station en état n'ont jamais cessé. En particulier, Adrien a continué de prendre grand soin du GreenHab. Malheureusement, pour des raisons inconnues, un autre de nos petits amis a rejoint le paradis des poissons aujourd'hui. Parmi les 8 poissons d'origine, nous avons perdu Mercure et Jupiter. Les hypothèses de notre botaniste concernant les décès sont variées, allant d'une augmentation soudaine du pH à la contamination de l’eau du système d’aquaponie par des bactéries. L’enquête suit son cours, en attendant les autres poissons ont été transférés dans un nouvel aquarium.

Bien que l'accumulation de stress, le manque de sommeil et un état de fatigue général commencent à éprouver notre équipage après plus de 3 semaines sur Mars, étonnamment, un sujet revient de plus en plus souvent au fil des conversations : le fait que nous n’ayons pas envie de repartir…

Marie Delaroche