ENVIRONNEMENT

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Les Météorites

Vous le savez probablement déjà, mais les étoiles filantes que vous pouvez parfois observer lors des belles nuits d’été ne sont pas vraiment des « étoiles », mais bien des poussières qui rentrent en combustion dans notre atmosphère et laissent derrière elles une traînée lumineuse. Mais que ce passe-t-il lorsqu’un objet plus volumineux pénètre notre atmosphère et n’a pas le temps de se consumer entièrement avant d’atteindre le sol ? C’est exactement ce que nous allons voir aujourd’hui !

Une météorite est un fragment de roche qui peut provenir d’un astéroïde, une planète, une comète ou encore un satellite (comme la Lune). Ce fragment de roche devient une « météorite » au moment où il atterrit sur notre planète.

Les météorites viennent majoritairement de la ceinture d’astéroïdes située entre Mars et Jupiter, mais certaines viennent aussi de la ceinture de Kuiper (au-delà de Pluton) et parfois du nuage d’Oort situé à la frontière du Système Solaire. Il existe aussi des météorites martiennes et lunaires, ou bien venant de planètes naines situées à la frontière du système solaire.

Pourquoi y a-t-il plus de météorites provenant d’astéroïdes que de planètes ? Comment naît une météorite ?

Tout d’abord, il faut comprendre comment ces fragments de roches peuvent se créer et se retrouver dans la trajectoire de la Terre. Bien que le Système Solaire soit vaste et constitué majoritairement de vide, les derniers milliards d’années ont été témoins d’impacts de grande ampleur entre les différents objets qui le composent. On fait souvent référence à cela sous le terme de « billard cosmique ». Lorsqu’un astéroïde impacte un autre astéroïde ou bien une planète, celui-ci risque de se fragmenter. Mais ces fragments deviennent-t-il dès lors automatiquement des météorites ? Non, car la force gravitationnelle du corps parent retient les fragments, et il faut que ceux-ci se libèrent de son champ gravitationnel pour pouvoir atteindre un jour la Terre. En effet, il y a alors trois scénarios possibles pour ce fragment. Soit il réatterrit sur son corps parent, soit il devient un satellite de son corps parent, soit il se libère du champ gravitationnel. Quel est le critère pour se libérer de son corps parent ? Il doit avoir une vitesse supérieure à la vitesse de la libération de son corps parent, qui est proportionnelle à  avec  la densité du corps parent et R son rayon. Il est donc d’autant plus difficile de se libérer du champ gravitationnel de son corps parent que ce corps est grand et dense. Par exemple, la vitesse de libération de Mars est environ égale à 5000km/s, alors que sur Terre elle est de 11 000 km/s. Les planètes étant beaucoup plus grandes que les astéroïdes, elles possèdent une vitesse de libération bien supérieure. C’est pourquoi les météorites provenant de planètes sont beaucoup plus rares.

Une fois libéré, un fragment de roche peut se promener dans l’Univers pendant des millions d’années, jusqu’à ce qu’un jour il s’approche suffisamment d’un autre corps céleste pour être attiré par son champ gravitationnel et tomber à sa surface. Ce fragment devient alors une météorite.

Nous avons vu que les météorites provenaient donc majoritairement d’astéroïdes, mais quels sont les différents types d’astéroïdes ?

On peut classer grossièrement les astéroïdes en deux catégories : les astéroïdes difformes et les astéroïdes sphériques. Un astéroïde de forme sphérique est assez massif pour que les éléments les plus lourds qui le composent se soient rassemblés au centre sous l’effet de la gravité, et les plus légers autour. L’astéroïde est alors qualifié de différencié. L'astéroïde a alors une structure interne comparable à celle d’une planète tellurique (comme la Terre et Mars), avec un noyau métallique en son centre. Les astéroïdes sphériques donnent naissance à trois grands types de météorite. Premièrement, les achondrites différenciées qui viennent de l’équivalent de la croute terrestre. Deuxièmement, les météorites de fer qui viennent du noyau de l’astéroïde, et enfin les météorites mixtes qui sont un mélange des deux, c’est-à-dire de silicate et de métal. Grâce à ces trois types de météorites, nous comprenons à présent mieux la structure interne de notre planète Terre, et des planètes telluriques ou astéroïdes en général.

Les astéroïdes difformes, quant à eux, donnent naissance à des météorites que l’on appelle chondrites. Une grande majorité des météorites que nous recevons proviennent de ces astéroïdes (plus de 80%), qui n’ont pas évolué depuis la naissance du Système Solaire. Ces météorites peuvent donc nous apprendre beaucoup sur cette période-là.

Maintenant que l’on sait d’où viennent les météorites, comment fait-on pour les reconnaitre ? Et surtout, où peut-on en trouver ?

Sur Terre, une météorite est caractérisée par sa croûte de fusion. En effet, le fragment de roche brûle en rentrant dans l’atmosphère terrestre et possède donc une croûte noircie. De plus, les météorites sont des objets très compacts et très denses. Elles se distinguent des roches terrestres par la présence de métal dans leurs compositions. Il est néanmoins déconseillé d’utiliser un aimant pour les reconnaitre car cela dégrade leurs propriétés magnétiques, elles perdent alors de leur valeur scientifique. Il est de plus déconseillé de les mettre dans de l’eau pour mesurer leur densité car, pouvant contenir du fer, elles sont très vulnérables à la rouille.

Les météorites que l’on trouve sur Terre sont souvent découvertes dans des endroits qui n’ont pas évolué depuis des milliers, voire des millions d’années, tels que les déserts chauds et glaciaux. Ainsi, on trouve des météorites en Antarctique ou encore dans le Sahara. On peut aussi les ramasser après une chute à proximité de leurs cratères d’impacts.

Anecdote historique : les premiers outils en fer ont été fabriqués pendant l’Antiquité avec des météorites de fer !

Nous savons que la plupart des météorites recensées viennent d’astéroïdes. Mais qu’en est-il des météorites provenant d’autres planètes ?

On a déjà identifié avec certitude plus d’une centaine de météorites provenant de Mars. En ce qui concerne les autres planètes tellurique (Mercure et Vénus), il n’y en a aucune de référencée pour l’instant. Il est très peu probable qu’une météorite vienne de Vénus. En effet, sa grande taille (du même ordre de grandeur que celle de la Terre) et son atmosphère très dense lui confèrent une vitesse de libération élevée. Il a été en revanche prouvé qu’il est possible que des météorites proviennent de Mercure. Sa petite taille et l’absence d’atmosphère permettraient à des fragments de se libérer de son attraction gravitationnelle. Néanmoins, aucune météorite n’a encore été classée comme mercurienne de façon certaine. De plus, la position de ces planètes à proximité du Soleil et le fait que celui-ci inclue 99% de la masse totale du Système Solaire font que d’éventuels fragments issus de Mercure et Vénus se dirigeraient plutôt vers le .

Enfin, si nous avons découvert des milliers de météorites sur Terre, Mars n’est pas non plus épargnée par des impacts d’objets extramartiens ! Quelques météorites ont été trouvées par des rovers, telle que Meridiani Planum, une météorite de Fer-Nickel identifiée par Opportunity en 2005 dans la région du même nom. Cette météorite fait la taille d’un ballon de rugby !

 

Auteurs : Alice Chapiron, avec l’aide de Marie Delaroche et Jérémy Rabineau

 

SOURCES

« Les Météorites » de Matthieu Gounelle

 

 

 

Sol 23

SOL 23 : Le calme avant la tempête

SOL 23 : Le calme avant la tempête

« Chaque jour j’apprenais quelque chose sur la planète, sur le départ, sur le voyage. Ça venait tout doucement, au hasard des réflexions. » - Le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry

Aujourd’hui était notre dernière journée de mission sans EVA ! En effet, à partir de demain et jusqu’à vendredi, nous avons programmé une EVA par jour, que ce soit pour la dernière semaine de photogrammétrie ou pour désinstaller les instruments atmosphériques avant la fin de la mission. Pas d’EVA signifie souvent beaucoup de travail pour tout l’équipage, sur nos ordinateurs ou sur le matériel des expériences à l’intérieur de la station. Par exemple ce matin, après un magnifique lever de soleil, je me suis occupée avec Mathurin de trouver une solution à un problème que nous avons pour l’expérience que nous menons avec des collégiens et lycéens, qui consiste à faire pousser du cresson dans du sol martien. En effet, nous avons remarqué hier des moisissures sur la terre de la planète rouge, et même après l’avoir observée au microscope, nous ne comprenons pas d’où vient le problème ! Du côté des expériences, Léa continue d’avancer sur son code informatique qui lui permet d’analyser les tâches solaires sur les photos prises de notre astre grâce à l’Observatoire solaire. Yves et Lise ont aussi fini de préparer la carte 3D de Kissing Camel Ridge faite grâce à la photogrammétrie de l’EVA d’hier. Ils ont placé toutes les balises sur la carte générée par le logiciel afin que nous les retrouvions lors des prochaines EVA ! Une journée dans la station rime aussi avec entretien de cette dernière. Leo a réglé en quelques minutes le problème que nous avions avec l’évier de cuisine. En effet, depuis quelques jours, l’eau s’y écoulait difficilement. Cela devenait bien compliqué pour la vaisselle : nous n’utilisons que 4 litres d’eau à chaque fois que nous lavons la vaisselle d’un repas pour 7, donc l’eau est rapidement sale. Nous sommes très reconnaissants envers notre ingénieur de bord car grâce à lui, nous avons retrouvé un évier totalement fonctionnel.

En fin de matinée, Marie et Leo ont été aux fourneaux pour le dernier repas MELiSSA de notre mission. La recette était celle des gnocchis de légumes que nous avions déjà testée et beaucoup aimée, bien que pas très rapide à préparer pour un équipage ! Cette fin d’expérience nous a fait prendre conscience de la quantité de données que nous avons produites au cours des quatre semaines de mission, et à quel point nous avons été productifs. Nous avons hâte des retours que nous ferons aux chercheurs pour chaque expérience que nous avons menée, et surtout hâte de voir les résultats apportés à la science grâce à notre mission !

En fin de journée, Leo et moi avons préparé notre EVA de demain, durant laquelle nous devrons trouver les balises placées à Kissing Camel Ridge. Pour cela, nous nous sommes basés sur la carte 3D du site, et avons pris des notes et dessiné pour tout retrouver sur place ! Pour Leo, cette EVA sera sa première où il doit chercher les balises et non les placer ! Pendant ce temps, au Science Dome, Marie effectuait la dernière séance de l’expérience MISS-U sur Léa, et les autres membres d’équipage travaillaient sur tous les autres sujets qui nous occupent depuis plus de trois semaines ! A sept, nous pouvons facilement nous répartir les tâches et être efficaces pour avancer au maximum sur chacune des expériences que nous avons emporté avec nous dans la station.

Sol 22 OSE

Sol 22

Le message de l'équipage

Il y 9 Sols nous sommes repartis de 0 et de nouvelles graines de cresson ont été plantées dans un module différent de la station, le Science Dome. Aujourd’hui nous sommes Sol 22 et les pousses dans le sol terrestre font déjà plusieurs centimètres ! Mais… du côté du sol martien, rien… Pas même une petite racine.

Pourtant lors de l’essai précédent, les pousses martiennes avaient certes pris plus de temps à sortir de leurs graines, il n’empêche qu’après 9 Sols elles étaient bien visibles.

Voilà une photo de l’expérience dans le GreenHab au même stade (9 Sols après les avoir semées) :

Notre programme est très chargé, nous n’avons pas encore eu le temps de réfléchir à la question. Mais peut être avez-vous des hypothèses ?

  • La température est en °C
  • La luminosité est en lux
  • L’humidité est en %

Sol 21

SOL 21 : Une quête du dimanche

SOL 21 : Une quête du dimanche

« Une quête commence toujours par la Chance du Débutant. Et s’achève toujours par l’Epreuve du Conquérant. » - L’Alchimiste, Paulo Coelho

Ce troisième dimanche de mission n’a pas été si classique pour l’équipage ! Certes, nous avons fait nos activités habituelles du dimanche en début de matinée : une séance de sport plus longue, le ménage dans la station, … Mais ensuite, le jeu préparé par Lise et Leo a débuté !

Ils avaient préparé et organisé le jeu depuis le début de la semaine, en secret du reste de l’équipage. Nous n’avions aucune idée de ce qui nous attendait, nous ne savions rien excepté le fait que nous allions faire un jeu collectif aujourd’hui. Le jeu a consisté en une gigantesque chasse au trésor, dans tous les modules de la station. Notre mascotte avait disparu, et il était du devoir de l’équipage de la retrouver pour la sauver ! Nous sommes allés d’indice en indice, de module en module, pour répondre aux énigmes et avancer dans notre quête. Lise et Leo avait très bien préparé tous les mini-jeux, nous avons même dû les affronter un à un dans des duels ! Sur le chemin, nous avons beaucoup travaillé tous ensemble, en équipe, afin de résoudre les énigmes qui étaient parfois très compliquées, et trouver les indices suivants. Le jeu a duré tout l’après-midi et nous a tous beaucoup amusés ! Ce fût un dimanche riche en réflexions et en rire avec tout l’équipage.

Malgré tout, en fin de journée, nous reprenons nos obligations plus sérieuses. Nous avons, comme chaque soir, rempli nos questionnaires relatifs aux différentes expériences. Depuis deux semaines, nous devions en plus de cela prendre quelques minutes pour discuter avec AI4U, une intelligence artificielle développée par le CNES et qui avait pour but de nous faire répondre oralement à un questionnaire de stress. Tour à tour, nous nous isolions avec la tablette pour répondre aux 4 questions. Mais ce soir était notre dernière séance avec AI4U ! C’était très intéressant de répondre par des phrases à l’oral non pas par écrit ou avec des notes comme la majorité des questionnaires que nous remplissons.

A la fin de cette journée riche en émotions, nous nous préparons pour un bon repas et une nuit reposante pour être prêts pour notre dernière semaine de mission !

Sol 19

SOL 19 : Topographie martienne

SOL 19 : Topographie martienne

« Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. » - Le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry

L’EVA de photogrammétrie de ce matin a été un grand succès ! Malgré le fait qu’Yves et Mathurin n’étaient pas totalement convaincus par la carte 3D de Candor Chasma faite par photogrammétrie, Lise et Marie ont réussi à trouver toutes les balises avec une rapidité étonnante : les 12 balises ont été découvertes en moins d’une heure ! Elles avaient repéré hier grâce à la carte 3D les balises, et préparé le trajet qu’elles souhaitaient prendre. Il faut croire que leur préparation a été efficace ! Même en ayant été rapides sur la découverte des balises, l’EVA a tout de même duré 4 heures car Candor Chasma se situe assez loin de la station et qu’il faut beaucoup marcher pour atteindre le site de recherche. Accompagnées par Yves pendant l’EVA, Lise et Marie sont donc rentrées bien fatiguées de leur expédition, mais très fières de leur performance !

Ce matin pendant l’EVA, Mathurin a piloté le drone depuis l’intérieur du Science Dome pour pouvoir prendre des photos d’un futur chemin que nous emprunteront en EVA, ainsi que pour photographier la station vue du ciel ! Il est étrange pour nous sept de voir notre lieu de vie, si petit et semblant perdu au milieu de l’immensité du désert martien. De son côté, Leo, pendant qu’il était HabCom pour l’EVA et donc en contact permanent avec les membres de l’équipage en sortie, a préparé des pancakes pour tout l’équipage, que nous avons été ravis de manger en dessert ce midi !

Comme presque tous les jours, plusieurs membres d’équipage ont effectué des tests cognitifs. Pour l’expérience Orbital Architecture, nous faisons chacun 3 tests par semaines, dans trois lieux différents de la station : le Hab, lieu de vie commune et de travail ; le GreenHab, un lieu silencieux et proche de la nature ; et enfin le Science Dome, un environnement de travail plutôt calme. Aujourd’hui, il y a eu un test dans chacun de ces modules ! Les tâches à effectuer sont variées, mais portent principalement sur la concentration, la mémoire de travail et les activités en parallèles.

Cette semaine ont eu lieu les premières sessions de l’expérience MISS-U. Les proches de certains membres de l’équipage ont enregistré des vidéos en réalité virtuelle il y a plusieurs mois pour eux. Ils les visionnent, mais ce n’est pas simplement de la réalité virtuelle classique, car le but de l’expérience est d’introduire d’autres sens comme le toucher ou le goût. Un « facilitateur », c’est-à-dire un autre membre de l’équipage, est chargé d’effectuer certaines actions en étant parfaitement synchronisé avec la vidéo. Pour ceux qui ont vécu l’expérience MISS-U, cela a provoqué des fortes émotions, car nos proches commencent à beaucoup nous manquer après presque trois semaines d’isolement !

Enfin, à la fin de la journée, Léa et moi avons préparé notre EVA de demain. Nous irons a Candor Chasma, mais cette fois nous avons préparé la recherche des balises avec une carte 2D classique. Il sera difficile de contrer la performance exceptionnelle de ce matin de Lise et Marie !

Sol 17 – OSE

Sol 17

Message de l'équipage

Données des capteurs environnementaux

La température est en °C

La luminosité est en lux

L’humidité est en %

Sol 16

SOL 16 : Il faut parfois savoir repartir de zéro…

SOL 16 : Il faut parfois savoir repartir de zéro…

« A la vérité, les choses ne révélaient rien par elles-mêmes ; c’étaient les gens qui, en observant les choses, découvraient la façon de pénétrer l’Âme du Monde. » - L’Alchimiste, Paulo Coelho

La matinée a été bien occupée pour tout l’équipage ! Nous avons effectué plusieurs tests cognitifs, dans différents modules, pour l’expérience Orbital Architecture. L’objectif est d’étudier nos performances en fonction du lieu où nous nous trouvons dans la station. Pour cette expérience, nous portons sur nous aussi beaucoup de capteurs différents. Par exemple, nous portons tous dans la journée un capteur qui permet de connaître notre position dans la station grâce à des ancres que Lise a placé partout dès le début de la mission. Nous l’allumons tous les matins, et nous enregistrons les données le soir. Aussi, nous avons un Polar band, un bandeau autour de la poitrine sur lequel est fixé un capteur de rythme cardiaque. Nous le portons toute la journée, et les membres de l’équipage qui ne sont pas dérangés le portent aussi la nuit. Toutes ces données seront ensuite récupérées par le chercheur de l’Université de KTH, qui porte cette expérience. Pour terminer la liste des capteurs que nous avons en permanence avec nous, il y a les montres. Les montres prennent une grande quantité de données, et notamment des mesures la nuit sur notre sommeil. Au début de la mission, il a été un peu compliqué de s’habituer à tous ces appareils, mais après 16 Sols, nous sommes vraiment bien habitués à leur fonctionnement et à la façon d’enregistrer les données. Tous ces capteurs ne sont pas très contraignants pour nous, surtout lorsque l’on sait que ces données seront ensuite utilisées pour des recherches scientifiques très intéressantes !

Léa, notre astronome de bord, a reçu ce matin les photos d’astrophotographie qu’elle avait lancé pendant la nuit, sur l’Observatoire robotique. C’est la première fois depuis le début de la mission qu’elle est satisfaite des photos qu’elle prend. En effet, l’astrophotographie, ce n’est pas si simple ! Elle a traité les données et obtenu une magnifique photo de la nébuleuse M-42 qu’elle avait visé ! Maintenant qu’elle comprend bien comment cela fonctionne, elle espère pourvoir faire de nouvelles observations et avoir d’autres photos à nous présenter !

Nous avons eu un contretemps dans notre expérience de photogrammétrie aujourd’hui. Reprenons la chronologie des évènements. Nous avons réalisé une expérience de photogrammétrie la semaine passée à North Ridge, pour comparer les performances de deux équipes ; une équipée d’une carte générée en 3D à partir de photos prises au drone, et l’autre d’une carte 2D classique. La photogrammétrie réalisée à North Ridge était bien réussie et cette semaine, nous souhaitions réitérer l’expérience à Candor Chasma ; d’où l’EVA d’hier où Yves, Mathurin et Leo sont allés prendre des photos au drone du site. Ils n’avaient que la semaine passée pour seule expérience de la photogrammétrie, et leur idée étaient qu’en prenant le maximum de photos, nous obtiendrions une carte plus précise. C’est pourquoi hier ils ont pris 1400 photos de Candor Chasma en drone, et couvert 50 hectares, contre 650 photos pour 38 hectares la semaine dernière. Hier, ils étaient contents de leur photogrammétrie mais craignaient que la génération de la carte soit plus compliquée du fait de la différence de reliefs entre Candor Chasma et North Ridge. Comment vous les décrire ? Au milieu du désert rouge d'oxyde, se dresse North Ridge, lissée par les vents, vêtue du rouge habituel de la planète mais aussi de vert, de blanc, de jaune. Bien qu'imposante par sa taille, ce n'est pas une montagne intimidante comme peuvent l'être celles sur Terre. Tout en pentes douces et rondeurs, North Ridge nous invite à l'ascension, guidés par les gradients de couleurs de ses flancs. Rempli de recoins, de fissures, de canyons tout en ayant facilement une bonne visibilité sur l'intégralité de la zone, c'était l'endroit parfait pour une photogrammétrie. Candor Chasma, en revanche, est une balafre déchirant la terre. Aussi profond que North Ridge est haut, le canyon nous entoure de ses hauts murs sinueux, éventré de tous côtés, comme un fleuve rejoint par ses affluents. Tout en angle et détour où la visibilité est réduite, ce n'était pas du tout l'endroit parfait pour une photogrammétrie. Et pour cause, après avoir passé 11 heures à traiter les images, le logiciel a rendu une carte 3D qui n’était pas à la hauteur de nos attentes… Certains points n’étaient pas placés aux bons endroits, ce qui faussait complètement la carte. Yves et Mathurin ont tout de suite pensé qu’il fallait recommencer l’acquisition en retournant à Candor Chasma, et ont essayé d’organiser une EVA pour cet après-midi ! Cela nous aurait permis de ne pas chambouler le planning des EVA tel que nous l’avions prévu, mais cette demande n’a pas été acceptée par Mission Support. Nous avons donc réorganisé les prochaines EVA pour que Leo, Yves et Mathurin retournent à Candor Chasma avec le drone demain. C’est la première fois qu’une réorganisation du planning impacte directement la fin de mission, ce qui nous a fait réaliser que dans pas si longtemps, il faudra partir de la station… Yves et Mathurin ont ensuite utilisé l’après-midi pour essayer de comprendre comment améliorer leur photogrammétrie pour demain, afin de ne pas rencontrer les mêmes problèmes. En effet, la photogrammétrie étant un sujet complexe et les membres d’équipage n’en étant pas des experts, ils ont passé plusieurs heures à éplucher la documentation et sont arrivés à plusieurs hypothèses sur les raisons des erreurs de la carte. Maintenant, ils ont développé une stratégie basée sur ces conclusions. Lorsqu’ils seront à Candor Chasma demain, Yves et Leo pourront mieux suivre le drone et guider Mathurin, pilote du drone, sur les zones à photographier. Ainsi, Mathurin pourra mieux se concentrer sur les photos et nous espérons que la carte sera réussie !

Hormis cet événement, qui a mobilisé beaucoup de matière grise au sein de l’équipage, l’après-midi a été assez calme. Par exemple, Léa a continué de travailler sur l’imprimante 3D afin d’essayer encore une fois de la faire redémarrer, tandis que Leo et moi avons joué aux échecs !

Sol 14

SOL 14 : La Planète Blanche

SOL 14 : La Planète Blanche

« Voilà, c’était le pur Langage du Monde, sans aucune explication, parce que l’Univers n’avait besoin d’aucune explication pour continuer sa route dans l’espace infini. » - L’Alchimiste, Paulo Coelho

Pour ce deuxième dimanche sur Mars, l’équipage s’est réveillé sous un paysage fait de rouge et de blanc ! Après les grosses rafales de vent d’hier, la neige est venue recouvrir les collines martiennes devant nos fenêtres. Mais le vent, qui a continué de souffler toute la journée, et le soleil, qui a percé la couche nuageuse, ont vite chassé les flocons blancs…

Nous avons tout de même suivi notre routine du dimanche. Nous avons commencé avec une grosse séance de sport, de plus d’une heure. Lise avait préparé une séance originale : nous alternions entre des parties individuelles et communes. Après avoir tournés sur 7 exercices individuels, nous nous retrouvions tous côte à côte pour un exercice commun. Et tout ça, quatre fois ! Le tout pour finir par un challenge : tenir le plus longtemps possible dans la position de gainage ! Après ça, nous étions bien épuisés, mais contents de s’être bien dépensés. Nous avons mangé avec plaisir un pain que Léa nous avait concocté la veille. Après ce gros petit déjeuner, nous avons continué les activités du dimanche : gros ménage de la station ! Il faut bien nettoyer toute la poussière martienne que nous ramenons de l’extérieur ! Malgré tout, nous avons utilisé du temps pour travailler. Par exemple, Lise et moi avons effectué chacune un test cognitif pour l’expérience Orbital Architecture.

L’après-midi a été occupée par une activité qui a ravi l’équipage : le lavage de cheveux ! Avant ça, Lise, qui trouvait ses cheveux trop longs, a demandé à Marie de les lui couper, ce que nous avons fait !  Ensuite, ceux qui le souhaitaient se sont lavé les cheveux, ce qui n’a pas été fait depuis le début de la mission. Cela nous a fait énormément de bien ! Et nous sommes très fiers de n’avoir utilisé que 9 litres d’eau pour laver les cheveux de Lise, Marie, Léa et moi. Yves quant à lui a plutôt opté pour le shampoing sec. Ce n’était pas une mince affaire de se laver les cheveux à genoux, la tête dans un seau, en rinçant nos cheveux avec l’eau d’une gourde ! Cependant, nous nous sommes bien amusés en nous entraidant, ce qui a mis une ambiance très joyeuse dans toute la station !

Enfin, l’équipage a pu se régaler avec des muffins préparés par Mathurin pour le goûter. La journée a permis à tout le monde de se détendre et de repartir en forme pour la semaine qui nous attend !

Sol 13 – OSE

SOL 13

Message de l'équipage

Aujourd’hui, à mi-mission, nous avons décidé de repartir à zéro. Semer de nouveaux du cresson en changeant les pots et le lieu. Pourquoi ? on va vous expliquer toutes les raisons qui nous ont amenées à prendre cette décision.

Premièrement, nous avions planté beaucoup de graines dans chaque pot. Or nous avons mis une fine pellicule de terre sur les graines après les avoir réparties. Toutefois, celle-ci s’est solidifiée en raison des très fortes températures qu’il peut y avoir dans le GreenHab. Ensuite, celle-ci se soulevait à cause de la force des racines, ce qui a créé une sorte de cavité, un trou sous la surface de terre. Cela a provoqué un effet étrange, où la terre du dessus était devenue très solide et sèche, tandis ce qu’en dessous les plantes poussaient et la terre était très humide.

A cause de tout cela, certaines pousses dans la cavité pourrissaient avant de vraiment pousser ! Nous avions essayé de résoudre ce problème il y a plusieurs Sols en enlevant cette cavité dans les deux pots, ce qui semblait avoir plutôt bien fonctionné. Nous avons malheureusement été obligé d’arracher la moitié des pousses du sol terrestre et une partie sur le sol martien. Cela fausse une partie des résultats de l’expérience mais nous pensons que c’était nécessaire.

Mais, le soir du Sol 12, en allant arroser les plantes au GreenHab, Mathurin a remarqué que les pousses de cresson ne se portaient pas vraiment bien… Certaines commençaient à mourir, à sécher, ou à pourrir dans les deux pots.

Nous avons fait la moitié de la mission et nous pensons que les tiges de cresson qui ont poussées sont de taille suffisante pour avoir des résultats intéressants, ce qui nous offre la possibilité de repartir de zéro.

Nous avons donc pris la décision de replanter des graines de cresson dans de nouveaux pots, dans de nouvelles conditions. Nous avons pris des pots rectangulaires, plus grands, qui limitent certains effets de bord que nous avions aussi relevé à cause des pots ronds que nous avions utilisés au GreenHab. Dans ces nouveaux pots, nous avons planté moins de graines, cette fois ci il y en a en moyenne une par centimètre carré, ce qui leur laissera beaucoup plus de place pour s’épanouir ! Pour le semis, nous avons utilisé le même protocole qu’au début de la mission pour les premières plantations. Nous avons déplacé les pots au Science Dome, ce qui diminue notre problème de chaleur extrême du GreenHab pour cette expérience ! Cela apporte aussi une solution au problème de surchauffe du téléphone, que nous avions au précédemment ! A ce sujet merci aux élèves du lycée Gallieni pour l’idée de la couverture de survie pour protéger le téléphone des rayons du soleil, personne n’y avait pensé dans l’équipage. Malheureusement nous en avons qu’une seule et elle part avec nous lors de nos sorties sur Mars.

Nous avons donc tout réinstallé, près de la fenêtre du Science Dome pour que les cressons profitent du maximum de luminosité, avec le téléphone accroché au-dessus pour pouvoir prendre les photos du time lapse. Tout semble bien en place, et nous vous tiendront au courant des avancées de ces nouvelles plantations !

Données des capteurs environnementaux

Voilà les données de température et d’humidité comparant le GreenHab (ancien lieu de l’expérience) au Science Dome (nouveau lieu de l’expérience) sur une journée.

Sol 13

SOL 13 : Mi-mission, toutes voiles dehors

SOL 13 : Mi-mission, toutes voiles dehors

« Ainsi, une fois de plus, le monde révéla ses innombrables langages : le désert, jusque-là un espace libre et sans limites, était maintenant une muraille infranchissable. » - L’Alchimiste, Paulo Coelho

Au réveil, tout le Crew a entendu de grosses rafales de vent frapper contre les murs du Hab. Mais nous n’étions pas surpris : nous avions été prévenus que la météo d’aujourd’hui serait peu clémente. C’est pour cela que nous avons déplacé l’EVA, initialement prévue cet après-midi, à ce matin. A
l’origine, cet EVA devait être une EVA de routine, pour changer les batteries des instruments atmosphériques. Mais au vu de la vitesse du vent et des pluies annoncées, nous n’avons pas eu d’autre choix que de rapatrier certains instruments dans la station, et d’en protéger d’autres en cas   de chute. C’est ainsi que LOAC s’est retrouvé à l’arrière du rover Curiosity direction la station, et que le moulin à champ a été emballé de mousse et de scotch pour éviter qu’il ne s’abime en cas de chute du mât à cause des rafales. Nous avons entendu le vent de plus en plus fort tout au long de la journée, ce qui a même créé de gros nuages de poussière. Nous étions rassurés de savoir les instruments atmosphériques en sécurité.

Le vent n’a pas cessé de souffler tout au long de la journée, à tel point que les rafales ont ouvert et presque cassé la porte de notre airlock principal. Un fois le problème résolu, le vent a arraché une partie des tunnels qui nous permettent de circuler entre les modules. Nous avons évacué le Science Dome juste avant la catastrophe, puis pendant tout le reste de la journée, nous n’avons pas pu y aller de nouveau. Lorsque nous étions tous en train de travailler dans le Hab dans l’après-midi, nous entendions les fortes rafales, et nous étions rassurés d’être bien installé à l’intérieur de la station, et pas en EVA comme prévu initialement !

Nous avons eu d’autres petits problèmes dans la matinée, notamment avec l’expérience menée avec des collégiens et lycéens. Les plantes que nous faisions pousser avec eux étaient quasiment mortes… Nous avons trouvé des solutions pour avoir des données pour cette expérience tout de même, vous pouvez retrouver toutes les informations sur la page dédiée de notre site Internet ! Dans la liste des autres petits problèmes, Léa a essayé toute la matinée de réparer l’imprimante 3D, qui pourrait nous être utile pour pleins d’applications. Cela fait déjà plusieurs Sols qu’elle résout un à un les dysfonctionnements de l’appareil, et aujourd’hui encore elle a pu avancer, mais elle pense qu’il sera compliqué de la rendre fonctionnelle de nouveau…

A midi, nous avons voulu innover dans nos repas lyophilisés en cuisinant une quiche, avec la pâte faite maison par nos membres d’équipage les plus cuistots. Nous craignions d’avoir encore faim, donc nous avons fait une grosse quantité de quiche. Une très grosse quantité de quiche ! Nous avons même été incapable de la finir et nous n’avons plus eu faim de tout l’après-midi !

Juste avant le repas, Leo nous a montré la vidéo de mi-mission, qu’il avait fini de monter dans la matinée. Nous étions tous très contents de voir un résumé de la première moitié de notre mission. En effet, aujourd’hui, le Sol 13, marque l’exacte moitié de notre mission sur Mars ! Nous pourrons dire que ce Sol de mi-mission aura été mémorable et pas de tout repos pour l’équipage !