Sol 0 - La préparation
Après notre première nuit, premier réveil et premier petit déjeuner martien, nous avons dit au revoir à l’équipage précédent, pour commencer notre première journée seuls dans la station. Celle-ci commença par un long briefing avec Shannon, la directrice de la station, qui déboucha sur notre décision de reporter le début de la simulation de 24 heures pour deux raisons : la première est que la valise contenant le sismomètre et son système d’acquisition avait été emmenée par erreur par nos amis indiens, et que lui courir après risquait d’être une peu chronophage. La seconde est que nous voulions étendre le tunnel reliant le hab, notre module principal, à ses petits frères, pour mieux reproduire l’isolement vis-à-vis de l’extérieur lorsque nous changeons de module.
Après un inventaire couplé au rangement des stocks de nourriture, nous avons pris notre premier repas à base d’aliments réhydratés, qui contre toute attente s’est révélé parfaitement comestible. Je dois pourtant confesser mon scepticisme à la vue de ces pauvres brocolis recroquevillés dans leur boite de conserve dans l’attente du jugement dernier, mais il semble qu’il n’était pas si justifié que cela… L’après-midi a commencé par une initiation au maniement des ATV (les véhicules tout terrains de la station), et s’est rapidement poursuivie par la construction du prolongement du tunnel en grillage, que nous recouvrirons demain de plastique, acheté par Louis Maller et Mouadh. Devant notre mur tout neuf, nous nous sommes sentis obligés de jouer la scène illustrant la phrase si connue : « We need to build a wall, and the Martians are going to pay for it. »
Pendant ce temps, nous commençons à nous sentir chez nous dans la station : chacun a désormais sa chambre, à l’exception de Xavier, qui en bon ingénieur de mission reste au chevet de la citerne sur la mezzanine, nous nous habituons au doux ronronnement de la pompe, faisant occasionnellement trembler tout l’étage en s’activant, chacun commence à prendre son rôle… Tout l’équipage est assez excité à l’approche de la simulation, qui commence demain, mais également très fatigué par le voyage, le décalage horaire ou la récente fin de semestre dont personne n’a vraiment fini de récupérer, alors en attendant plus d’action, tout le monde va au lit de bonne heure !
Louis MANGIN