Sol -1 - Jour d'arrivée
Faire un récit exhaustif de toutes nos aventures pour arriver à Grand Junction (l’aéroport le plus proche de la MDRS) serait beaucoup trop long, mais voici quand même quelques anecdotes assez singulières réparties entre les différents protagonistes : une valise a d’abord été oubliée à Londres, pour ensuite être envoyée à Charlotte, en Caroline du Nord (soit à l’opposé des Etats-Unis), nous forçant à la récupérer au dernier moment. Un vol a été retardé de 6 heures pour une défaillance du système de pressurisation, faisant rater une correspondance et gagner une nuit inopinée à Phoenix. Un voyage de 24 heures de San Francisco à Grand Junction -passé aux côtés d’une femme persuadé que la Reine d’Angleterre était une reptilienne mangeuse d’enfants contrôlant la planète à l’aide d’un gaz teintant le ciel à l’aube- a finalement duré 30 heure après que le bus soit tombé en panne au beau milieu du désert…
Enfin, nous voilà tous réunis autour d’un dernier vrai repas à midi à Grand Junction. Après nous être bien amusés à remplir le 4x4 de location -pourtant fort conséquent- jusqu’au toit, il nous fallut y rentrer également, non sans effort, avant de partir pour Hanksville et sa Mars Desert Research Station… Le trajet fut donc folklorique tant par la masse de bagages et d’équipements répartis aussi bien à côté que sur nous, que par le paysage de plus en plus dépaysant, pour finir dans un décor de Western, avec des montagnes abruptes, esseulées au milieu du désert et juste une route pour nous guider.
Pour finir, la voici : la station pointe le bout de son nez derrière une colline gris-ocre, alors que l’on ne l’attendait presque plus, seule construction humaine à des kilomètres à la ronde, perdue dans le désert. Le « grand » hab, et ses enfants le laboratoire, la serre et le télescope. Nous avons passé la soirée avec l’équipage 174, composé de 5 indiens, présents avant nous pendant 2 semaines, pour partager un repas, et se faire briefer sur chacun de nos postes. La journée de demain sera dédiée à notre installation et aux préparatifs finaux, avant le début officiel de la mission de simulation, avec la fermeture du sas, dimanche soir.
Louis MANGIN