06 Mars 2019
Sol 10 : Le Calme et la Tempête
En me réveillant, je commence par consulter le suivi de ma nuit mesuré par le bandeau Dreem : 5 heures 49 de sommeil seulement. Le confinement a une influence difficile à cerner sur les humains, il peut changer le comportement, l’impulsivité, la motivation, l’irritabilité… Sur moi, il semble avoir un plus gros impact sur le sommeil !
Malheureusement, nous n’avons pas de photographies de l’EVA du jour, en effet nous avons quitté le Hab sans carte SD dans l’appareil photo.. Nous avons de nombreuses vérifications à effectuer avant de sortir : des combinaisons en bon état, des gants, un kit de secours, un GPS, un montre, des radios et oreillettes. Malheureusement ce matin nous étions concentrés sur les vérifications de sécurité et nous avons oublié cette petite carte. Bien dommage au vu des paysages que nous avons eu la chance d’observer. La marche était magnifique au milieu des Canyons, de Reservoir Dam, des zones plates et rocheuses au Nord de la station, même si la buée qui entourait mon casque limitait les possibilités. Nous avons immortalisé toutes ces images dans nos mémoires et nos yeux à défaut d’avoir un appareil photo en fonctionnement; « Clic » comme Aurélien aime dire dans ce genre de moments.
La station a été visitée aujourd’hui par une équipe de tournage de CNN. Ils ont été très respectueux de notre mission et nous avons réussi à continuer notre travail et notre vie martienne sans même les voir, excepté Jérémy qui a eu la chance d’être interviewé pour le documentaire.
Dans l’après-midi, le Hab a été frappé par de forts vents. Pensant pouvoir estimer les caractéristiques du vent (direction et vitesse) grâce à la station météo installée non loin de la station, nous avons eu la dramatique surprise de voir que celle-ci ne transmettait plus de données. Le vent était en effet trop intense et a fait basculé le trépied en l’arrachant du sol. Le sol martien n’est pas idéal pour fixer du matériel avec des sardines.. Nous allons nous rendre demain en sur place pour estimer les dégâts et décider entre une réparation sur place ou un retour à la station. C’est malheureux quand on pense que moins de trois heures avant nous étions juste à coté en EVA pour en changer les batteries. L’adaptation à l’environnement est primordiale pour des missions martiennes ! Sur Terre, on peut facilement faire un parallèle avec la science menée en Antarctique ou dans le Sahara.
La fin de l’après-midi était plus calme et relaxée. Le vent a arrêté de faire du bruit autour de la station, et nous avons passé l’après-midi ensemble discutant, travaillant sur nos rapports et enfin regardant des vidéos en réalité augmentée pour une expérience de facteurs humains.
Nous avons été confrontés à la neige au début de la mission, à la pluie, et maintenant au vent qui nous menace. Le climat de Mars n’est pas clément avec nous ! Mais nous avons réussi à adapter notre mission et nos objectifs à chaque fois que la météo a changé.
Auteur : Benjamin Auzou, Journaliste