Bonjour à toutes et à tous et bienvenu dans ce nouvel épisode de « Gros plan sur » ! Dans l’épisode d’aujourd’hui, nous allons parler d’impression 3D avec Maxime. Ça s’annonce passionnant !
Mais avant, comme d’habitude, nous allons parler de ce qu’il s’est passé pendant ce Sol 12.
Tout d’abord, comme nous sommes samedi, nous n’avons pas eu sport ce matin, pour les mêmes raisons que la semaine dernière. Je pense qu’il était important de le mentionner car nous avons tous beaucoup apprécié de pouvoir rester au lit plus longtemps. Au petit déjeuner ce matin, l’ambiance était plus joyeuse et l’odeur de transpiration moins présente que d’habitude.
Après ça, la journée s’est déroulée comme un jour de la semaine ordinaire. Sur Mars, on travaille le samedi !
Nous avons commencé cette journée par une EVA. Comme je vous l’avais dit hier, nous sommes retournés à la Special Region pour faire de la cartographie par drones. Cette fois, Marion et moi étions de la partie et Maxime fût notre EVA leader.
EVA du sol-12 (1)
Comme d’habitude, nous avons commencé par changer la batterie du LOAC. Nous avons ensuite fait un premier arrêt au niveau de Galileo Road afin d’aller cartographier la partie du Hab Ridge au nord de North Ridge pour les besoins de mon expérience. Tout s’est bien passé et nous aurons très bientôt une belle carte 3D à analyser. Je me sens de plus en plus en confiance et efficace dans l’utilisation des drones. Je ne vous l’avais pas encore dit, mais vous pouvez aisément l’imaginer, manipuler et piloter des drones avec une combinaison spatiale et des gants n’a rien d’un jeu d’enfant. La semaine prochaine, je vais faire passer mes camarades tour à tour sur un circuit dans cette nouvelle zone puis comparer leur performance et étudier l’influence de l’utilisation de la carte 3D. Mais je vous en dirai très bientôt plus sur cette expérience dans le prochain épisode de « Gros plan sur » dédié.
Après cet arrêt, nous avons continué tout droit vers le Nord avec les rovers jusqu’à atteindre la Special Region. C’était assez ressemblant avec la description que nos coéquipiers nous en avait fait mais c’était beaucoup plus impressionnant en vrai. La vue depuis le haut de la crête était vraiment magnifique. J’ai réussi à prendre de très belles vidéos avec le drone depuis là-haut que j’aimerais vraiment pouvoir vous montrer ! Je m’engage à le faire à notre retour sur Terre.
EVA du sol-12 (2)
Ce fût une EVA de 4 heures, la plus longue depuis le début de la mission, et nous en sommes rentrés épuisés. Heureusement, à notre retour, une surprise nous attendait. Nos adorables coéquipiers avaient profité de ces quatre heures pour nous préparer une quantité astronomique de riz cantonais. On ne dirait pas, mais je vous assure que c’est le plus beau cadeau que l’on puisse vous faire en rentrant d’une EVA. C’était le meilleur riz cantonais martien de ma vie (oui, c’était également le premier). Pour vous donner une meilleure comparaison, il rivalisait en goût avec la fameuse pizza martienne. Si certains d’entre vous sont intéressés par la recette, je peux demander aux cuisiniers de vous en faire part dans un prochain rapport.
Cet après-midi fût relativement calme. Certains membres de l’équipage en ont profité pour prendre une douche bien méritée. Sur Mars, on ne prend pas de douche aussi souvent que sur Terre. La fréquence de douche moyenne dans l’équipage tourne autour de 6 jours. Maintenant, vous commencez à comprendre pourquoi je parlais précédemment de l’odeur de transpiration au petit-déjeuner après le sport. Comme mentionné dans le « Gros plan sur : L’eau sur Mars », l’eau sur Mars est une ressource encore plus précieuse que sur Terre et c’est pour cela que nous essayons de l’utiliser intelligemment (en l’économisant mais aussi en la recyclant).
Malgré son calme apparent, cet après-midi fût tout de même productif. Maxime et François ont finalement réussi à imprimer la pièce qu’il manquait pour assembler le mât et la base de l’expérience Mega-ARES. Ce fût une aventure semée d’embûches pour les deux ingénieurs, qui, à force de persévérance et d’ingéniosité, sont finalement arrivés au bout de leurs peines. Grâce à cette réussite, nous allons très bientôt pouvoir installer l’expérience et commencer à récolter de précieuses données pour le CNRS.
En parlant d’impression 3D, il est temps de passer à l’épisode de « Gros plan sur » d’aujourd’hui avec Maxime ! Voyons voir ce qu’il a à nous apprendre !
« -Salut Maxime, comment ça va ?
-Ecoute ça va super bien !
-Maxime, je t’ai demandé d’intervenir dans cet épisode de « Gros plan sur : Impression 3D » car tu es en charge d’une expérience d’impression 3D. Mais avant d’en parler, pourquoi l’impression 3D est-elle pertinente pour les missions habitées ?
-Comme tu le sais très bien, lors d’une mission habitée nous sommes en isolement total et il est très difficile d’obtenir de nouveaux objets en provenance de la Terre. Sur Mars, si on casse notre marteau, il nous faudra attendre au moins 6 mois avant d’en avoir un nouveau fabriqué par nos équipes terrestres. C’est ainsi que l’impression 3D entre en jeu. Par le biais d’une imprimante 3D nous pouvons remplacer et fabriquer n’importe quel objet du quotidien et même concevoir des objets plus complexes pouvant optimiser certaines expériences par exemple. Il y a même une imprimante 3D dans l’ISS, et notre spationaute Thomas Pesquet s’en est déjà servi pour imprimer… une fourchette !
Sur une autre échelle, l’European Space Agency travaille sur de nouvelles imprimantes pouvant construire des habitations sur la Lune à partir de régolithe lunaire. Il est fort possible que nous voyons ces nouvelles machines à l’œuvre lors de la prochaine décennie.
-Ok je vois, c’est très pratique l’impression 3D ! Et maintenant, en quoi consiste ton expérience d’impression 3D ?
-A travers la réalisation d’une démonstration de réparation composite dans un contexte frugal nous souhaitons démontrer la pertinence de l’utilisation de la fabrication additive à application spatiale. Ce projet est soutenu par Monsieur Yves Gourinat, enseignant-chercheur au Département Mécanique des Structures et Matériaux (DMSM) de l’ISAE-SUPAERO.
Dans notre contexte de Simulation de vie Martienne nous avons dû choisir une machine transportable optimisant le trio Volume - Masse - Energie, paramètres phares de l’exploration spatiale. Par le biais du Département Conception et Conduite des véhicules Aéronautiques et Spatiaux (DCAS) de notre école, nous avons donc la possibilité d’utiliser une imprimante 3D “Creality CR-10 Series V2” prêtée par ce même département respectant les critères ci-dessus.
La première opération consiste en une réparation d’une structure carbone impactée. J’ai constaté lors d’une EVA un impact significatif sur notre Hab. Sur Mars, celui-ci pourrait conduire à une fuite et mettre en danger notre sécurité dans la station. En utilisant le logiciel AutoDesk Fusion 360 j’ai donc designé une pièce réparatrice que j’ai fabriquée avec notre imprimante 3D, avec l’aide de notre ingénieur de bord François. Evidemment pour des raisons légales nous ne pouvons pas modifier la station, mais cette expérience démontre bien la pertinence d’utilisation d’une imprimante 3D à application spatiale.
-Ok génial ! Et utilisez-vous l’imprimante 3D pour d’autres raisons ?
-Comme mentionné plus haut, les autres usages peuvent être multiples. De notre côté nous avons déjà utilisé notre imprimante à deux reprises en dehors de mon expérience.
Julie, qui travaille sur son expérience de recyclage d’eau dans la station, m’a demandé de participer à la fabrication de son nouveau dispositif appelé « Dudish » en mémoire de notre botaniste Raphaël qui ne peut pas être avec nous. Afin de finaliser ce dispositif, Julie avait besoin d’un entonnoir possédant des dimensions spécifiques. En utilisant l’imprimante j’ai donc conçu cette pièce dont elle avait besoin.
Puis Clément, qui travaille sur l’expérience Méga-Ares, avait également besoin d’une pièce caractéristique afin de soutenir le mât de l’instrument prêté par les chercheurs du CNRS. Encore une fois, l’imprimante 3D nous a bien été utile.
-Wow trop cool ! Il y a tellement d’applications de l’impression 3D, je ne suis pas surpris qu’on s’intéresse à son utilisation dans le domaine spatial ! Maxime, merci beaucoup pour ton temps, c’est une expérience passionnante et j’ai beaucoup apprécié en discuter avec toi ! »
C’est tout pour l’épisode d’aujourd’hui de « Gros plan sur », j’espère qu’il vous a plus et que vous avez appris des choses sur l’impression 3D ! Si vous aimez ce format, ne ratez pas les nouveaux épisodes qui arrivent très bientôt !
1 commentaire
Merci de ce journal au quotidien ! De ces partages passionnants !!!
Vous avez un parrain que vous honorez par votre com Thomas Pesquet !!!
Merci 🤩