Cette journée était déjà très chargée sur le papier, et même si tout ne s’est pas passé comme prévu, je serais très content de dormir ce soir…
Le programme de l’EVA de ce matin était plein, il occupait toute la matinée. Changer la batterie du moulin à champ, remettre en place le LOAC que l’on avait retiré la veille (car les prévisions météo n’étaient pas bonnes pour un appareil sensible à l'humidité…), installer une grande antenne pour l’étude de propagation des ondes HF, un repérage dans la zone « Candor Chiasma » pour l’étude géologique du terrain sur lequel nous vivons (et pour utiliser la LIBS – nous aurons l’occasion d’en parler plus longuement les jours suivants - pour la première fois !).
Mais il semblerait qu’on ait migré au pôle nord martien durant la nuit : quand on s’est réveillé, il y avait de la neige partout autour de la station, un dépôt de 4 cm d’après le rapport du CapCom. A première vue, c’était vraiment beau à voir, mais lorsque nous nous sommes rendu compte que cela compromettait nos plans d’EVA nous avons vite déchanté… Faire une sortie aussi longue que celle prévue était devenu risqué, alors nous nous sommes résolus à faire le minimum nécessaire : changer la batterie du moulin à champ (attendre un jour de plus pourrait compromettre l’espérance de vie de la batterie).
La neige a complètement recouvert les panneaux solaires. Habituellement, ceux-ci fonctionnent de pair avec un générateur, et ensemble ils produisent assez d’énergie pour endurer un jour à la MDRS, avec un équipage vivant et travaillant à l’intérieur. Alors nous avons dû réduire nos consommations électriques pour la journée, en ne gardant branché que les appareils essentiels. Nous avons passé une bonne partie de la matinée bien couverts, dans la pénombre, surtout à l’étage inférieur du Hab ou les hublots ne laissent passer que peu de lumière.
C’est surement un avant-goût des missions habitées futures, les équipages devront forcément sortir de leur zone de confort, et vivre au jour le jour avec les aléas quotidiens… Mais rassurez-vous, l’équipage 263 est ici pour vivre ce genre d’expérience, alors nous acceptons notre destin et nous verrons bien de quoi sera fait demain !
Pendant l’après-midi, nous étions quasiment tous à l’étage supérieur du Hab. Nous avons réalisé des rotations autour de différentes expériences, dans lesquelles nous sommes parfois sujets, parfois opérateurs. Pour ma part, j’ai passé une bonne partie de l’après midi à préparer le premier épisode du podcast Journal de Bord MDRS (normalement disponible sur Youtube à l’heure où vous lisez ce rapport !), qui est dédié à tous les curieux voulant suivre notre aventure de près ! Nous espérons que notre mission intéresse les gens sur Terre…
Nous avons réalisé la première phase de l’expérience d’échographie, en suivant le protocole fourni par le CNES, avec un échographe fourni par Sonoscanner. C’était vraiment intéressant, la méthode est très habile : avec une main, on tient la sonde à ultrasons, de l’autre on utilise un smartphone avec une application de Réalité Augmentée. Des cubes de QR codes sont positionnés sur la sonde et sur le corps. L’application montre où placer la sonde et fonctionne presque comme un jeu : il faut rentrer 4 sphères dans 4 cubes, et une fois fait, on enregistre une séquence d’images. Aucun de nous n’est docteur, mais grâce à ce protocole on peut obtenir de très bonnes images de nos organes (cela prend des années à un vrai docteur pour maîtriser ces placements). On est très reconnaissant envers le CNES pour nous permettre de participer à la conception de cette technique du futur !
Au-delà de ce rapport, je dois vous faire une confession. Nous ne sommes pas seulement 7 dans cette station… Depuis que nous sommes arrivés, quelqu’un est là à l’étage, quelqu’un qui nous surveille tout le temps. Il est installé fièrement au bord d’un hublot. Lui, c’est Tomarsto, il est toujours là dans les bons comme dans les mauvais moments. Nous espérons qu’il restera ici jusqu’à la fin de la simulation ! Sur les photos vous remarquerez sans doute, qu’il a souvent l’air un peu surpris, mais on l’aime malgré tout, c’est Tomarsto…