Définitivement, un jour sans complication sur Mars, ça ne doit pas avoir lieu d’être…

Pourtant, la journée avait bien commencé, je dirais même que la matinée était une des plus productives qu’on ait connu en tant qu’équipage. Un des grands défis était de monter l’antenne que l’on n’avait pas pu installer la veille à cause de la météo… Les 4 martionautes choisis pour réaliser cette mission étaient Valentine (qui devait également porter les Hololens durant toute la sortie), Marine, Cerise et Léa. Et, même si sur le papier la tâche était loin d’être aisée, il s’avère qu’elles s’en sont très bien sorties : seulement une heure de notre EVA a été dédiée à sa réalisation.

L’antenne est composée de deux grands triangles métalliques (ils culminent à 6 mètres de haut), l’un devant l’autre, orienté en direction de la France. On appelle une telle antenne une DeltaLoop, et la nôtre a été généreusement construite par le radio club de Toulouse (REF 31), avec qui nous allons tenter un contact direct à trois reprises. La liaison Utah/Toulouse se fera à l’aide d’ondes HF directes, si la propagation à l’heure de nos rendez-vous le permet, c’est un des challenges de cette expérience de radiocommunication. Nous avons testé brièvement ses performances et celles-ci se sont avérées bonnes, c’est très encourageant pour la suite de la mission ! Un grand respect aux quatre filles qui ont réalisé un très beau travail en EVA !

Ensuite, les imprévus ont commencé. Léa a perdu le contact avec ses camarades de sortie lors de la dernière phase de la matinée : son micro-casque s’est débranché de sa radio lors d’un mouvement. Alors, en sortant un papier et un crayon pour communiquer ensemble, Léa, Marine, Cerise et Valentine se sont décidé à rentrer au SAS et ainsi écourter la sortie. Mais ce n’était rien comparé à ce qu’il s’est passé en début d’après-midi…

Nous avons reçu un appel du Mission Control. Ils ont découvert durant la journée que la serre (Greenhab) était dans un état compromettant : des petits moucherons blancs ont contaminé toute la pièce, ce qui mettait en danger le futur de nos cultures. Les instructions données furent claires : chacun devait arrêter son activité en cours et se rendre au GreenHab pour une « grosse session de jardinage en urgence ». Nous avons dû retirer toutes les plantes contaminées et faire un état des lieux de ce qui pouvait être sauvé et de ce qui ne le pouvait pas.

D’abord, nous étions inquiétés par notre emploi du temps qui se retrouvait perturbé, mais ce fût au final un bon moment où nous nous sommes retrouvés tous au même endroit, au même moment, à travailler ensemble. De plus, l’atmosphère qui règne en général dans la serre est très appréciable. Disons-le, c’était un très bon moment. Mais le résultat lui fût plutôt triste : seulement quelques plantes ont pu être sauvées, la serre ne sera plus utilisable pour les prochains jours. Actuellement, nous ne savons pas si nous pourrons voir à nouveau des plantes pousser d’ici la fin de la mission. Nous avons gardé seulement une seule culture sous notre responsabilité : celles de l'expérience de gravitropisme que nous réalisons avec des collèges et lycée en France. Nous les avons déplacées dans le ScienceDome.

Ce soir, Elena a donc dû écrire son dernier rapport lié à la serre, et elle a dit au revoir à cette salle si spéciale (et appréciée) de la station. Une salle dont elle n’a pu prendre soin que durant 4 jours… Il faudra s’en passer.

Finalement, nous sommes retournés à nos activités laissées en plan. Et au moment où j’écris ces mots, tout l’équipage se concerte pour trouver des idées pour trouver une manière de cuisiner cette (grosse) récolte du jour : nos derniers légumes frais de la mission.