
Pour être honnête, la fatigue se fait doucement sentir. Surement à cause des derniers jours éprouvants et de la double sortie de ce matin.
D’abord, deux EVAs étaient prévues. Une le matin, une l’après-midi. Mais à cause de la fonte de la neige dans les environs, nous avons dû condenser les deux sorties dans la demi-journée : la première équipe était composée de Elena, Valentine, Mathéo et moi. Pour la deuxième, nous n’étions qu’à deux avec Mathéo. Nous avons essayé pour la première fois, le protocole de « Search and Rescue » de Mathéo, à l’aide d’un drone. C’était un peu stressant pour lui, à cause des nombreux problèmes potentiels liés au pilotage dans les conditions de simulation. Pourtant, pour Elena et moi, c’était bien plus tranquille : nous avions juste à évoluer dans une zone prédéfinie et… « nous perdre ». L’essai s’est bien déroulé, Valentine et Mathéo nous ont géolocalisés et retrouvés rapidement. Nous avons quitté cette session avec quelques idées pour améliorer ce protocole.
Pendant l’après-midi, nous étions quasiment tous hors du hab. Certains d’entre nous travaillaient sur la réparation de l’antenne MegaAres. C’est intéressant de bricoler dans un univers contraint, avec des ressources limitées : « fais ce que tu peux avec ce que tu as » est presque devenu un refrain de nos échanges avec Mathéo. Jusqu’à maintenant, nous avons toujours su avancer dans cette réparation, pourvu que ça dure ! Valentine, Marine et Léa, elles, ont réalisé des sessions d’expérience de facteurs humains : Téléop et une banque de tests regroupés dans un logiciel nommé « TAP ». TAP s’est révélé être nôtre petite épreuve quotidienne. Pour vous rendre compte, imaginez que vous deviez régulièrement rester une heure et demie devant votre ordinateur, à répondre à des questionnaires et réaliser des tests cognitifs durant lesquels on teste votre attention de différentes manières. Parfois vous devez trouver des corrélations entre des formes, des couleurs, des sons… et taper sur le bon bouton le plus rapidement possible. La première fois c’est assez prenant, c’est presque comme un jeu. Mais au bout de quelques fois, cela devient quelque peu rébarbatif… Mais nous croyons dans la finalité de ces tests qui aideront les chercheurs concernés. Au final, ça reste un sujet qui nous fait rire autour d’une table, alors ça nous convient !
Aujourd’hui, dans mes pensées de personne fatiguée, j’ai demandé à mes coéquipiers : Comment imagines-tu le premier équipage marchant sur Mars ?
Ça a lancé un débat, même si tout le monde était d’accord sur la plupart des points. Léa a soulevé l’importance d’envoyer des experts dans des domaines très variés : ingénierie, médecine, géologie… Marine et d’autres espèrent que l’équipage sera paritaire, et de manière générale, que la sélection sera faite de manière équitable. Une question que ces échanges ont soulevée, est celle de la nationalité des membres. Un pays y emmènera-t-il des hommes de lui-même, ou sera-t-il fait sous l’égide une coopération internationale ? Ici à la MDRS, certains ont un avis très tranché, et d’autres un peu moins, ça reste un terrain glissant… Seul le futur nous le dira !
Nicolas Wattelle