Aujourd’hui on a manqué un rendez-vous. Dans le contexte de notre étude de propagation des ondes HF, nous devions réaliser un contact avec une autre « base martienne » à Toulouse. Là-bas, ce matin, le radio club REF 31 a normalement réuni ses membres et pointé ses antennes vers la MDRS.

Rappelez-vous, au Sol 3 nous avions installé l’antenne aux alentours du Hab. Le jour d’après nous avions installé le matériel nécessaire à l’intérieur : un émetteur/récepteur ICOM, une boîte d’accord et un ordinateur, le tout relié à notre triangle de fer. Nous avons réalisé plusieurs tests, reçu des signaux venant d’autour de la planète, alors nous avions de l’espoir pour la session de ce matin. Mais notre expérience ne dépend pas seulement de notre travail ou de notre volonté, un autre gros facteur nommé « le Soleil » a aussi sa part de responsabilité.

Mars (comme la Terre), a une atmosphère composée de plusieurs couches. Parmi elles, une en particulier permets de la propagation longue distance : l’ionosphère. Cette couche est sensible à l’activité solaire (tempêtes, éruptions…), et peut accumuler des charges électriques. Si la charge totale devient significative, la couche permet des réflexions (comme un miroir) des ondes HF, et augmente considérablement la portée des radiocommunications. Sur Terre, cela peut permettre de réaliser des contacts intercontinentaux, en utilisant seulement des antennes et émetteurs « basiques » : une liaison radio sol-sol, sans recours à aucun réseau satellite ou autre intermédiaire entre la source et le récepteur. Cela pourrait être une technique intéressante pour réaliser des liaisons entre deux bases habitées lointaines ! Alors nous avons monté cette expérience avec le radio club durant les derniers mois (nous réaliserons également des écoutes de balises dans les prochains jours pour caractériser la propagation suivant l’heure de la journée), et aujourd’hui c’était le jour de la première tentative.

Le protocole établi durait une heure, à tester différents modes de modulation, du plus fiable au moins sûr (en termes de taux de réussite). Mais le Soleil n’a pas dû être assez actif durant les derniers jours : nous nous sommes retrouvés seuls face à un grand silence (enfin presque, j’exagère…). Nous avons lancé des appels, mais nous n'avons reçu aucune réponse. Avons-nous été entendus en France ? Nous ne le savons pas pour le moment. Mais il nous reste deux autres tentatives d’ici la fin de la mission, on ne perd pas espoir !

C’était donc la première expérience du jour pour Valentine et moi. Pour le reste de l’équipage, la journée était plus classique : une sortie de maintenance des expériences atmosphériques, ajustements du planning de la semaine prochaine, réparations dans le RAM… Pour ces dernières, j’aimerais sincèrement remercier notre ingénieur de bord Mathéo, pour son travail sur l’antenne de MegaAres : elle était hors service depuis le début de la mission, et nous sommes maintenant en capacité de la remettre sur le terrain dès demain ! Cette drôle d’antenne permettra de mesurer le champ électrique ambiant. Merci encore Mathéo (jetez un œil à la photo dans le RAM, où nous posons fièrement devant le travail accompli !) !

Tout l’équipage est maintenant tourné vers demain, notre premier jour de repos « martien » ! Nous avons hâte !