Bonjour tout le monde ! Aujourd’hui on se retrouve pour le deuxième épisode de « Gros plan sur », notre format dans lequel on parle de nos expériences scientifiques ! Dans cet épisode, on va discuter avec Marion et François des expériences de facteurs humains dont ils sont en charge pendant cette mission. J’ai hâte de vous en dire plus à propos de ces super expériences, mais avant, comme d’habitude, je vais vous raconter un peu ce qu’il s’est passé pendant ce Sol 6 sur Mars !
Aujourd’hui n’était certainement pas le Sol le plus excitant depuis le début de la mission mais je vais quand même trouver des choses à vous raconter !
Pour commencer aujourd’hui c’était dimanche ! Le dimanche est supposé être un jour de repos dans la mission. Mais comme nous sommes sur Mars, il y a toujours des choses à faire !
Ce matin, Clément et Julie ont réalisé une courte EVA afin de changer la batterie du LOAC (une expérience que nous avons récemment installée à l’extérieur de la station lors d’une EVA). Nous devons changer sa batterie quotidiennement et le dimanche ne fait pas exception ! En effet, on ne peut pas se permettre de perdre de précieuses données pendant une journée entière. Pour donner force et motivation à notre vaillante équipe d’EVA, nous avons fait des pancakes avec du sirop d’érable, qui est sans l’ombre d’un doute le petit déjeuner préféré de l’ensemble de l’équipage.
Cet après-midi, les tâches ont été séparées. Une partie de l’équipage fût en charge de nettoyer le Hab de fond en comble. Il est crucial de garder le Hab propre pour le moral de l’équipage.
Pendant ce temps, l’autre partie de l’équipage est passée sur l’expérience de facteurs humains confiée par l’Université de Lorraine (mais François vous en dira plus à ce sujet dans la partie « Gros plan sur » de ce rapport).
Mais j’ai failli oublier de vous mentionner l’avancement de l’histoire qui vous tient tous en haleine depuis quelques jours : l’impression 3D de l’entonnoir spécial pour que Julie puisse recycler l’eau ! Notre équipe d’ingénieurs est finalement parvenue à faire fonctionner l’imprimante 3D ! Après une après-midi d’attente dans le stress pendant l’impression, l’entonnoir de Julie a finalement vu le jour. Elle va maintenant pouvoir recycler notre eau dans de bien meilleures conditions ! Nos ingénieurs n’ont maintenant qu’une hâte : dessiner et imprimer de nouvelles pièces.

Maxime tient fièrement le résultat de leur dur labeur
Comme vous pouvez le constater, les dimanches sur Mars ne sont pas exactement les mêmes que sur Terre, nous avons quand même du travail à réaliser. Mais c’est tout de même très agréable de se lever tard, de ne pas avoir de sport et d’avoir moins de travail que d’ordinaire.
En plus ce soir c’est pizza ! C’est la première fois que l’on en fait et j’ai hâte de la goûter ! Nous allons également essayer de finir d’écrire nos rapports plus tôt que d’habitude pour pouvoir regarder un film tous ensemble dans le canapé, comme une vraie famille martienne. Il nous faut encore décider du film et j’espère qu’il n’y aura pas de dispute !
Il est maintenant l’heure du moment que vous attendiez tous (on va faire comme si étant donné que je n‘ai pas accès à vos réactions en direct) : Le gros plan sur nos expériences de facteurs humains. Voici ce dont nous avons parlé avec Marion et François :
“- Bonjour à vous deux ! Comment ça va ?
- Tout va pour le mieux ! Il faut dire que la journée a bien commencé avec une grasse matinée et des pancakes pour le petit déjeuner !
- Ok pour commencer, dans cet épisode nous allons discuter de vos expériences de facteurs humains. Marion, pourquoi les expériences de facteurs humains sont si pertinentes dans le contexte de la MDRS ?
- Les expériences de facteurs humains sont importantes pour les futures missions habitées vers Mars puisqu’il nous faut comprendre comment les humains vont réagir au fait de se retrouver sur une autre planète, avec un groupe de personnes dans un espace confiné sur une longue durée. La MDRS est aussi proche que l’on puisse de l’environnement martien notamment en termes de confinement et d’isolation. En réalisant ces expériences sur des équipages MDRS, on peut étudier, analyser les résultats et tirer des conclusions qui sont applicables aux futures missions vers Mars. Si on peut prédire les effets néfastes d’être sur Mars pour les humains, on pourra mieux les éviter et soutenir les astronautes dans leur mission.
- Ok, maintenant que l’on a bien compris l’intérêt de ce genre d’expériences, qui veut se lancer en premier pour parler de son expérience ? François, tu peux nous expliquer en quoi consiste l’expérience que l’Université de Lorraine réalise sur nous ?
- Cette expérience réalisée par des chercheurs de l'université de Lorraine consiste à étudier l'évolution psychologique et physiologique des membres de l'équipage au cours de la mission. Nous devons répondre à des questionnaires qui étudient l'évolution de nos émotions, de la dynamique de groupe, de notre rapport au travail... Nous réalisons aussi des tests qui étudient notre concentration, notre mémoire, notre attention. Par exemple, des formes de différentes tailles et couleurs défilent rapidement devant nos yeux et nous devons appuyer sur un bouton lorsque la même forme apparaît 2 fois successivement. Cela peut paraître très simple mais cette tâche dure 15 minutes. C'est sans aucun doute la tâche la plus éprouvante et la plus exigeante. Une autre tâche consiste à observer des successions de chiffres. Lorsqu’un chiffre est le même que l'avant dernier, nous devons cliquer sur un bouton. Cela demande une grande concentration ainsi qu'une bonne mémoire. Enfin, des prélèvements capillaires sont réalisés avant et après la mission. En effet, le cortisole présent au niveau des cheveux est un bon révélateur du niveau de stress. Cette expérience cherche à mieux comprendre comment les humains réagissent au confinement et au stress en vue notamment des futures missions spatiales habitées ou simplement des confinements prolongés. Nous réalisons également des questionnaires quotidiens élaborés par l'université de Bourgogne. Ces questionnaires visent à étudier précisément l'évolution de notre perception du groupe et du travail au cours de la mission.

Marion passe le test des "formes colorées"
- Je défi quiconque doute de la difficulté du « test des formes » de l’essayer ! C’est extrêmement difficile de rester concentré pendant 15 minutes sans pause sur cette tâche ! A toi maintenant Marion, c’est quoi alors Teleop ?
- TELEOP est une expérience de téléopération de rovers développée par le département de facteurs humain de l’ISAE-SUPAERO. Elle est actuellement déployée dans la mission SIRIUS-21 en Russie. Pour cette expérience, le sujet a un joystick qui pilote un rover sur la Lune. Le sujet a différentes tâches à compléter en un certain temps. Cela inclut des tâches comme récupérer un échantillon à la surface lunaire ainsi que piloter le rover et l’amarrer à un alunisseur pour y déposer l’échantillon en vue de l’analyser. Le sujet n’est pas seulement sous pression temporelle mais doit également veiller à l’état de la batterie du rover ainsi qu’à ne pas le renverser, ce qui annulerait la tâche. Chaque tâche est réalisée dans trois positions différentes, debout, assis et allongé sur le ventre. L’objectif est d’étudier l’effet de la position du corps ainsi que de la fatigue sur la performance du sujet. On s’attend à ce que la performance se détériore au fil de la mission à cause de la fatigue mais il peut également y avoir une amélioration due à l’apprentissage de la conduite du rover au fil de la mission. Seuls les résultats nous diront comment notre capacité de téléopérer des rovers évolue lors d’une mission analogue.

Pierre téléopère le rover
-J’adore cette expérience elle est vraiment passionnante ! Merci à vous deux pour votre temps et pour ces explications sur vos expériences ! »
Voilà qui termine ce deuxième épisode de « Gros plan sur » ! J’espère qu’il vous a plu et que vous avez appris des choses ! Restez connectés pour le prochain épisode de « Gros plan sur » et à bientôt dans un prochain rapport !