Hier, on a bien profité de notre jour de repos (le film de Christopher Nolan était super !), il est maintenant temps de se remettre au travail de manière efficace ! Et c’est ce qu’on a fait : notre emploi du temps n’était pas vraiment chargé, alors on en a profité pour préparer les prochains jours, et faire ce qu’on n’a pas le temps de faire d’habitude. Les prochains jours s’annoncent vraiment excitants, notamment car l’amélioration de la météo nous permet d’élargir nos plans d’EVAs (jusque-là, la neige résiduelle nous empêche de trop s’éloigner de la station), et ainsi de faire avancer la mission.
Pendant la journée, on était donc concentrés sur la planification, le traitement des données et la maintenance. Pour le planning, la discussion a eu lieu durant tout le début d’après-midi à l’étage, et une des bonnes nouvelles concerne l’étude de terrain géologique (surtout pour Marine et Léa qui en sont les responsables) qui pourrait démarrer dès demain. Cerise, notre commandante, s’implique beaucoup pour maîtriser notre planning complexe et souvent mouvant, en gérant les différentes contraintes (même celles de dernière minute), et elle essaye toujours d’arranger les intérêts de chacun. C’est une bonne commandante (honnêtement, je ne dis pas ça pour être le chouchou…).
Au milieu de tout ça, deux nouveautés notables : Elena a démarré la préparation de la culture de spiruline ; et Mathéo a essayé pour la première fois de piloter le drone depuis l’intérieur du Hab pendant une sortie extravéhiculaire. Léa avait le rôle de Habcom à ce moment-là, ce fût pour elle très utile de pouvoir suivre les astronautes dehors de cette manière, car leur suivi est beaucoup plus facile à faire de ce point de vue (arrivez-vous à voir les astronautes sur la photo prise au drone aujourd’hui ?).
Premiers essais de pilotage du drone
Culture de spiruline par Elena, botaniste Crew 263
Aussi, on a réalisé des travaux de maintenance sur la coupole du Solar Musk, sur le moulin à champ (on a eu une mésaventure avec durant la sortie de hier) et sur l’expérience de gravitropisme.
Mais qu’est-ce que le gravitropisme ? Les plantes poussent, ça on le sait, mais en fait elles croissent en réponse à des stimuli. Le stimulus peut être beaucoup de chose : la lumière, la présence d’eau, la chaleur, un engrais… Dans ces cas, on parle respectivement de phototropisme, hydrotropisme, thermotropisme et chimiotropisme. Chaque plante est plus ou moins sensible à ces phénomènes, qui sont dans une sorte de « compétition ». On sait depuis le XVIIIème siècle que les plantes réagissent à la gravité. Le gravitropisme (et donc la gravité), est une des raisons pour lesquelles les racines plongent en terre et les tiges grandissent.
Durant notre mission, et en collaboration avec des élèves de collège et lycée, nous essayons d’observer et de perturber le gravitropisme. Et comment s’y prend-on ? Grâce à l’inertie ! On fait pousser des plantes (à croissance rapide, comme du blé, des lentilles, des haricots…), sur une roue tournante (d’environ 30cm de diamètre) dans le but de faire ressentir la force centrifuge aux graines. Ainsi, quand on additionne cette force à la force gravitationnelle, on obtient une résultante inclinée (la force n’est plus purement verticale). Et cette modification est censée se percevoir lors de la croissance : les tiges se dirigent vers le haut et vers le centre de la roue. C’est l’idée de l’expérience historique de la « Roue de Knight ».
Nous avons eu du mal à réaliser cette expérience durant notre première semaine, alors aujourd’hui, nous avons repris cette expérience de zéro en espérant que nous verrons des choses intéressantes avant le weekend prochain. Ensuite, nous prévoyons un autre protocole plus expérimental pour la dernière semaine de mission : que se passe-t-il si nous plaçons la roue à la verticale ? Nous sommes très curieux d’obtenir des données là-dessus !
Expérience de gravitropisme
PS : Vous trouverez dans les photos du jour la galaxie M81 distante de 11,74 millions d’années-lumière, observé par notre astronome Marine. Une photo comme celle-ci peut nous laisser rêveurs, y imaginer un système solaire similaire au nôtre, et qui sait… une planète habitée comme la nôtre ?