Je pense qu’on est bel et bien installé dans la routine MDRS. Notre emploi du temps guide nos vies, et à vrai dire c’est assez confortable de se laisser guider de la sorte. Rendez-vous compte, même les (anciennement « embêtantes ») sessions matinales de sport commencent presque à devenir des formalités ! Ou presque, j’exagère peut-être un peu…
On s’est réveillé comme chaque matin à 6h45, pour être prêt à la session de 7h. Cette semaine, nous commençons une étude de notre cycle circadien. Nous avons ici deux « ArmBands » procurés par le CNES. Ces appareils nous permettent de déterminer, en les portant durant 48h, notre « cycle du corps ». Quand on parle de circadien, on parle de presque tout ce qui est cyclique (à la journée) dans notre physiologie. La dépense énergétique, l’intensité d’activité, la température du corps… Comment ce cycle est impacté par notre vie sur Mars ? Nous verrons bien ! Aujourd’hui, Valentine et Mathéo ont commencé à le porter juste avant l’exercice sportif, et ce pour les deux prochains jours. Nous porterons tous le brassard à un moment durant la mission.
'ArmBands' du CNES portés par Valentine et Mathéo
Ensuite, nous avons continué notre « morning routine », comme tous les jours : petit déjeuner (je pourrais juste ajouter ici que nos conversations deviennent de plus en plus « profondes » les jours passants), préparations pour les EVAs, et puis séparation de l’équipage, chacun vers ses expériences respectives. Mais la sortie d’aujourd’hui était spéciale et était donc très attendue : la première pour l’étude géologique avec le « pistolet » LIBS (Laser Induced Breakdown Spectroscopy) de l’entreprise SciAps, tout en utilisant les lunettes Hololens procurant un support en Réalité Augmentée ! Pour celle-ci Cerise, Marine, Elena et Léa sont donc sorties, en direction de la zone nommée « Stream Bed Connector ». Pour tout vous dire, cette sortie était plus compliquée en termes de logistique que les précédentes, elle a donc commencé un quart d’heure en retard pour être sûr que tout était en ordre avant de sortir. Et, pour un premier essai, cela s’est plutôt bien passé et c’est annonçant pour la suite ! Pendant la sortie, le « pistolet laser » a cessé de fonctionner, mais ce n’était pas un problème à partir du moment où les martionautes ont pu ramener 3 échantillons bien sélectionnés, et l’appareil a pu être correctement redémarré une fois rentré. A l’heure où j’écris ces mots, les toutes nouvelles géologues de l’équipage sont en train d’analyser les compositions des roches prélevées avec beaucoup d’intérêt ! C’est beau de voir cette expérience enfin démarrer !
Première utilisation du LIBS de SciAps
J’ai posé une nouvelle question à mes coéquipiers :
Pour toi, à ce point de la simulation, comment tu te sens vis-à-vis de l’isolement ?
Cette question a divisé le groupe en deux sur les premières réponses (uniquement les premières pensées je le jure, Moman tu me manques). La première « équipe » composée d’Elena, Marine et moi-même, a d’abord mentionné le « confort » de pouvoir laisser derrière nous notre charge mentale quotidienne de notre vie terrestre. Je pense que cet aspect est notable lorsque l’on vie pleinement la simulation (ce que nous espérons faire !). Les autres ont plus rapidement pointé le manque des proches, spécialement quand on les quitte dans un contexte particulier où l’on pourrait avoir besoin de nouvelles d’eux. C’est assez étrange comme le faisait remarquer Valentine, nous vivons coupés du monde, mais les uns sur les autres ici : en quelques sortes, nous vivons seuls ensembles.
PS : Je ne pourrais finir ce rapport sans remercier notre ingénieur de bord Mathéo, qui profite toujours de ses jours sans trop de travail (comme aujourd’hui) pour cuisiner du pain et merveilleusement régaler l’ensemble de l’équipage. Cela commence à ressembler à une tradition. On est tous fans de la délicieuse odeur dans le Hab quand on se rassemble pour écrire nos rapports !