1er Mars 2018,
SOL 11 – Crew 189 : Plus loin, plus vite, plus fort
Rapport du journaliste,
Pour la deuxième fois de la simulation, nous n’avons pas effectué notre séance de sport ce matin. Mais cette fois-ci, ce n’est pas parce que nos commandants avaient décrété un jour de repos. Non, l’équipe a juste été incapable de se réveiller assez tôt pour en avoir le temps ! Mais ce n’était pas une grasse matinée collective pour autant. À 9h, nous étions parés et équipés pour partir pour l’EVA prévue à cet horaire-là. Pour la première fois, la sortie s’effectuera sans la présence d’un de nos commandants : Victoria et Louis resteront à la base ! Laurent, Benoît et Jérémy formaient l’équipe, dont j’avais à charge le commandement. Un petit arrêt habituel était prévu auprès du LOAC, afin de changer ses batteries. Mais alors que nous étions prêts à repartir, Jérémy remarqua que le niveau de charge des batteries du MegaARES était dangereusement bas. Nous avons ainsi dû retourner au Hab pour demander à Gabriel quelle était la procédure à suivre. Pour lui, pas d’urgence pour le moment, cela pouvait attendre demain. Nous pouvions basculer vers le noyau de notre EVA : l’exploration.
Comme nous nous rendions bien plus au nord qu’habituellement, nous avons décidé de nous servir des quads : un pour chacun d’entre nous ! Ceux-ci sont en effet bien plus rapides et agréables à conduire que les rovers. Et comme nous n’avions conservé aucun instrument lourd avec nous, il n’y avait aucune raison d’avoir besoin de ces derniers. Après 20 minutes de conduite, un temps au final assez long par rapport à nos autres EVA, surtout en quad, nous sommes arrivés au canyon que nous souhaitions explorer aujourd’hui. Un canyon d’ailleurs assez spécial, puisque divisé en plusieurs strates bien définies en dessous de celle où nous avons garé les ATV : il fallait descendre pas moins de 3 pour atteindre le point le plus profond ! L’entrée du canyon était d’ailleurs décorée d’un panneau d’affichage traitant de dinosaures, dont certains fossiles peuvent a priori être découverts dans la région. Sûrement pas le plus martien des objets que nous avons découverts ici, mais il est quand même bien sympathique de savoir cela ! Nous avons ensuite cherché un chemin permettant de descendre au premier niveau, ce qui n’a pas forcément été évident, mais nous y sommes finalement parvenus. Cette ballade au cœur du canyon était bien agréable, bien qu’assez exigeante par endroits ! Nous avons même trouvé quelques petites grottes sous les rochers où Benoît et moi avons pu nous reposer, tandis que Jérémy semblait avoir emprunté l’attrait de celui-ci pour les petits cailloux brillants. Alors que nous avions complété notre ballade au cœur de la roche, il était temps d’enfourcher les quads pour retourner à la base !
Le trajet retour fut incroyable. Pouvoir conduire un véhicule solitaire dans ce magnifique paysage ocre, la sensation de parcourir les roches avec notre quad, tout était extraordinaire. Mais ce moment ne pouvait pas durer éternellement, et le Hab apparut bientôt devant nos yeux, prêt à nous accueillir. Ou du moins, c’est ce que nous pensions. En effet, 5, puis 10 minutes plus tard et Gabriel, HabCom du jour, n’avait toujours pas répondu à nos apppels. Nous avons alors décidé de repartir sur nos quads vers les instruments, afin d’y récupérer la batterie que nous avions laissé afin de ne pas encombrer les quads. À notre retour, Gabriel nous répondit enfin ! Cependant, c’était pour nous demander de repartir d’où nous venions afin d’éteindre le MegaARES. Aller-retour qui s’est finalement révélé inutile, car le MegaARES s’était éteint entre-temps à cause de la charge insuffisante de la batterie. Gabriel fut en passant sujet à quelques remarques désobligeantes durant ce trajet dont nous aurions pu nous passer. Remarques que nous avions finalement regrettées lorsque nous nous sommes rendu compte que nos soucis de communications étaient dus à des problèmes techniques relatifs aux talkies-walkies.
Notre session journalière de KTNE s’est moins bien passée que celle de la veille, surtout pour Benoît et Louis, qui en 3 minutes n’ont pas réussi à trouver un mot dans une liste de 25, et qui ont eu certaines difficultés à compter jusqu’à 4, ce qui a créé des engueulades assez amusantes à voir. Et aujourd’hui a aussi été le jour où j’ai (enfin) pu prendre ma première douche ! J’ai d’ailleurs battu le record de l’équipage, en utilisant seulement 4,5L d’eau pour celle-ci, ce qui ne m’a cependant pas empêché d’être propre en sortant ! Il est assez difficile de dire que nous avions presque perdu l’habitude de sentir bon ici. La douche était néanmoins très agréable (même si sa température ne devait pas dépasser les 20°C) et il est bon de sentir que mes cheveux ne tiennent plus tous seuls au-dessus de ma tête !
Alexandre Martin, journaliste du crew 189