24 février 2018
SOL 6 – Crew 189 : En panne au milieu du désert
Rapport du journaliste,
Il est décidemment de plus en plus difficile de réveiller Louis au fur et à mesure que la mission avance. Alors que nous étions censés débuter notre séance de sport à 7h, il n’était toujours pas levé à 7h10. C’est finalement Laurent, en lançant à fond dans l’enceinte un mélodieux « Matuidi charo », qui a réussi à le faire se bouger. Surtout qu’après 2 jours plutôt tranquilles, il était temps de reprendre les choses sérieuses ! Nous étions néanmoins un peu en retard pour partir en EVA, prévue à 9h. Gabriel et Louis chevauchaient les quads, tandis que Benoît et moi montions à bord du rover Deimos. Nous nous sommes d’abord arrêtés dans la zone de nos expériences, afin de récupérer les premières données du LOAC et du MegaARES. Mais au fait, à quoi servent ces instruments aux noms étranges ? La réponse respectivement demain et dimanche prochain ! Pendant ce temps-là, Benoît effectuait les tests de son expérience de localisation, supposée calculer la distance à un point d’arrivée en fonction de la position de départ et de la distance parcourue. Ce fut cependant relativement manqué : il a alors tenté de calibrer son instrument en marchant en ligne droite dans différentes directions pendant un long moment, lui donnant des faux airs de Jack Sparrow et sa boussole.
Après avoir récupéré les dernières données, il était temps pour nous de repartir en exploration, cette fois-ci plus loin que ce dont nous avions l’habitude ! Il n’est pas besoin de préciser que le paysage que nous avons découvert était prodigieux. Entourés par un lointain pic montagneux enneigé, par des dunes de petites roches jaunes pâles si bien qu’on se croirait dans un désert de sable, et par les plateaux rocheux rouges typiques, on imaginerait presque se retrouver dans un paysage du dernier jeu Zelda.
Mais la région n’était pas au bout de ses surprises. Le sol était en effet recouvert de petits trésors : vieux coquillages, quartz et autres minerais, ce qui permit à Benoît de commencer une petite collection. Après quelques photos prises dans ce cadre magistral, il était temps de rentrer : Benoît et Gabriel sur les quads, Louis et moi dans le rover.
Mais au cours du trajet retour, le rover Deimos commença à ralentir de plus en plus, jusqu’à ce qu’il menace de s’arrêter dans une pente, forçant Benoît, Gabriel et moi à descendre de nos véhicules pour le pousser. Comme un malheur ne vient jamais seul, Louis, puis moi-même, perdîmes le contrôle de nos talkie-walkie, rendant quasi-impossible toute communication : pour nous parler, il fallait désormais coller nos casques l’un contre l’autre … Louis imposa alors une pause de 10 minutes, dans le cas où la panne était due à une surchauffe du moteur. Après cela, le rover semblait repartir de plus belle, mais à peine 30 secondes plus tard le problème surgit à nouveau. Notre commandant Louis prit alors la décision d’abandonner le rover : Gabriel et Benoît allaient rentrer au Hab en quad, récupérer deux nouveaux rovers puis nous ramener. Une longue attente de 25 minutes plus tard, ils arrivèrent enfin, et nous ramenèrent à la station. L’EVA, prévue pour 3h, a finalement duré 40 minutes de plus. Comme nos réserves d’oxygène sont prévues pour 4h, nous étions seulement à 20 minutes près de tomber en panne sèche …
Après l’épreuve de la matinée, l’après-midi fut beaucoup plus tranquille. Tandis que Benoît pensait peut-être avoir repéré des tâches solaires, il s’avéra qu’il s’agissait en fait uniquement de salissures sur le télescope. Il était ensuite temps pour notre session quotidienne de « Keep talking and nobody explodes », mais tout ne s’est pas passé comme prévu ! Certaines instructions simples se sont en effet révélées être erronées. Il n’en fallait pas plus pour que naisse la rumeur selon laquelle certains manuels ont été volontairement falsifiés dans la visée de l’expérience. Affaire à suivre ! Finalement, il n’y aura pas de pain pour ce soir : Gabriel a en effet réussi à confondre le gluten avec la farine (malgré l’inscription « gluten » en gros, gras et en majuscule sur le paquet), donnant un résultat indescriptible. Demain sera enfin notre premier jour de repos complet : ce sera grasse matinée pour tout le monde !
Alexandre Martin, Journaliste du Crew 189