27 février 2018
SOL 9 – Crew 189 : En cas d’urgence
Rapport du journaliste,
Comme notre EVA du jour était prévue pour l’après-midi, notre séance de sport a été décalée d’une heure. Mais comme j’ai évidemment oublié de changer l’heure de mon réveil, j’étais le seul à être debout à 6h30. Dans l’incapacité de me rendormir, j’ai décidé d’attendre notre séance de l’enfer : c’était le retour des séries en 3 fois 20 secondes. Cependant, il semblait que notre sport quotidien commençait à porter ses fruits chez chacun ! Nous avons en effet tous battus nos records personnels dans presque chaque exercice : Louis est monté à 70 pompes, Jérémy à 90 semi-squats, et moi à 85 fentes, chacun en 1 minute, pour donner quelques exemples. Laurent a même été capable de réaliser 104 levers de tête, même si de vrai crunchs auraient été préférables. Après près de 10 jours dans la station, nous sommes tous en meilleure forme, et chacun s’est affiné : plus d’un kilogramme de graisse a été perdu par chacun !
La journée a presque entièrement été consacrée aux procédures d’urgence. Laurent, notre responsable santé et sécurité, nous a préparé un briefing de 2 heures dans la matinée. Il nous a expliqué les bonnes habitudes à prendre lorsque nous découvrons un blessé. Le plus important étant de faire un bilan complet de la situation et de ne pas se précipiter : il faut savoir si le lieu est toujours à risque, ce qu’ont été les causes de l’accident, et connaître l’état de la victime. Victime qui d’ailleurs a longuement été jouée par Gabriel, répétitivement placé en position latérale de sécurité (aussi connue sous le nom de PLS) par ses équipiers et colocataires. Mais après cette démonstration assez générale, il était temps de devenir plus spécifique, en rapport avec notre environnement. Nous ne sommes pas dans une simulation martienne pour rien ! Dans de telles circonstances, ces gestes seraient en effet pratiqués à travers des combinaisons spatiales … Certains de ces gestes deviennent alors bien plus complexes : dans le cas d’un choc aux vertèbres, il serait par exemple impossible de maintenir la tête en place à cause du casque. Les massages cardiaques seraient compromis, et même savoir si quelqu’un respire ou non devient ardu. Finalement, rapatrier quelqu’un à la station serait également compliqué : le poids de chacun augmente de 10kg à cause de la combinaison, où il n’y a d’ailleurs aucune prise solide.
Laurent était ainsi le meneur de l’EVA d’aujourd’hui, où il souhaitait pouvoir tester et adapter de nouvelles procédures adaptées au milieu spatial dans des conditions réelles. Il était ainsi accompagné de Louis, Victoria, Gabriel et Benoît. Jérémy et moi-même étions les deux seuls à garder le fort. Tandis que Victoria, Gabriel et Benoît firent un petit détour dans la zone des instruments afin de changer les batteries du MegaARES, Louis et Laurent s’occupèrent de petites tâches autour du Hab. Alors que l’autre moitié de l’équipe était très rapidement revenue, ils étaient fin prêts à démarrer les essais des procédures. Victoria a semblé apprécier la position latérale de sécurité, une position dans laquelle elle s’est relativement souvent retrouvée. L’équipe a ainsi simulé un grand nombre de blessures et diagnostics différents, afin de couvrir le plus de situations qui pourraient un jour se dérouler dans l’espace. Pendant ce temps, j’occupais le rôle de HabCom dans la station : j’étais le référent de la mission à l’intérieur du Hab, collectant les informations qu’ils me confiaient à propos des informations de la station, comme notre niveau d’eau potable, l’état de nos véhicules, … Ils revinrent dans le Hab après finalement seulement 2 heures, après avoir terminé tout ce qu’ils souhaitaient faire lors de l’EVA.
Notre soirée a été rythmée par notre désormais traditionnelle session de KTNE, qui commence vraiment à se complexifier : les instructions sont incomplètes dans chacun des manuels, et les équipiers doivent être coordonnés afin de pouvoir réussir le désamorçage. Gabriel a également donné le premier classement : Victoria et moi-même sommes en tête pour le moment, cependant les choses vont certainement rapidement changer, car le plus dur reste à venir ! Benoît commence aussi à avoir quelques soucis à gérer les denrées alimentaires. Alors que nous avons répartis nos barres énergétiques hier, il déjà quasiment vidé la moitié de son stock ! Cela risque d’être difficile de continuer sur le même rythme jusqu’à la fin de la mission !
Alexandre Martin, Journaliste du Crew 189