SOL 4 : Premiers nuages sur l’équipage
SOL 4 : Premiers nuages sur l’équipage
« Il faut bien que je supporte deux ou trois chenilles si je veux connaître les papillons. Il paraît que c’est tellement beau. »
- Le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry
Chaque matin au réveil, nous relevons ce que nous appelons des Core Data. Les mesures sont variées : nous nous pesons avec un impédancemètre qui enregistre un large spectre de données comme la masse, le détail de masse musculaire ou graisseuse, un électrocardiogramme, et d’autres. Nous mesurons aussi notre tension et notre température corporelle. Des données d’oxymétrie sont aussi prises avec un oxymètre que nous plaçons au bout de notre doigt. Pendant que nous tournons sur les différents appareils de mesure, nous remplissons chacun des questionnaires de sommeil et des tests de perception du temps sur nos ordinateurs. L’objectif est de prendre ces Core Data tout au long de la mission, pour les fournir ensuite aux chercheurs qui réalisent des études de facteurs humains. Comme nous sommes sept et que nous devons tous prendre toutes les mesures, l’enregistrement de ces données peut prendre un peu de temps, mais au bout du quatrième Sol, nous commençons à être vraiment efficaces et nous parvenons à tous prendre nos mesures et répondre à nos questionnaires en moins de 20 minutes !
Après notre session de sport journalière et un bon petit déjeuner, quoi de mieux pour commencer la journée qu’une autre EVA pour l’installation les instruments atmosphériques ? Leo et Léa sont sortis avec Lise pour installer les deux derniers : une station météo et un moulin à champ. Combinés au LOAC et à Mega Ares installés hier, ces instruments permettent d’avoir des mesures complètes et précises concernant l’atmosphère et le champ électrique. Dans le cadre de cette étude du CNRS, les chercheurs sont intéressés par les données du désert « terrestre ». Mais pour nous, en plus de contribuer à ces recherches intéressantes, cela renforce la simulation de vie martienne en nous donnant l’opportunité de réaliser des EVA, notamment pour changer les batteries des instruments. Cette expérience de physique atmosphérique, embarquée d’année en année par les équipages MDRS de l’ISAE-SUPAERO permet aux chercheurs d’acquérir une grande quantité de données, nécessaires à leurs publications scientifiques. L’installation s’est moins bien passée qu’hier… En effet, à cause des forts rayonnements du soleil sur Mars, certains câbles électriques des appareils avaient fondu… Au bout de trois heures trente de sortie extravéhiculaire, nos astronautes sont rentrés, bien que le problème sur le terrain n’aie pas été résolu.
Peu avant la fin de la re-préssurisation dans le airlock, Léa s’est rendue compte que le système d’apport d’air de son scaphandre ne fonctionnait plus correctement. Très vite, elle a demandé à enlever son scaphandre, le CO2 expiré s’étant accumulé dedans, ce qui lui a causé un malaise (sans perte de connaissance). Tout l’équipage a bien réagi à la situation pour pouvoir l’aider ; nous avons appelé Mission Support et fait tous les bons gestes. Mathurin a notamment vérifié son niveau d’oxymétrie, revenu à la normale après son malaise. En vérifiant à posteriori, Leo et Marie ont constaté en faisant les mesures de tension que la batterie du système de ventilation s’était vidée. Tout est revenu à la normale malgré beaucoup d’émotions, et Léa s’est sentie beaucoup mieux dans l’après-midi. Nous allons nous assurer que ce problème ne se reproduise plus, en testant tous les scaphandres pour identifier ceux qui pourraient être défectueux.
Dans l’après-midi, chacun à travaillé sur ses expériences, Mathurin s’est occupé du GreenHab et trois astronautes ont fait l’expérience « Tilt », du département de Neuroergonomie de notre école. L’objectif est de tester, dans la position assise ou allongée, la façon dont nous contrôlons un petit vaisseau qui doit passer des obstacles. Nous testons deux points de vue du vaisseau différent : troisième personne ou première personne. Le but est d’étudier notre perception dans l'espace et notre orientation grâce à notre oreille interne et nos autres sens. Tout le monde participera à cette
expérience, à raison de 1 séance par semaine et par personnes durant toute la mission.