Sol 17 : Secouristes martiens

7 Mars 2018

SOL 17 – Crew 189 : Secouristes martiens

Rapport du journaliste

Notre journée a une nouvelle fois été dédiée aux procédures d’urgence, au milieu d’autres tâches importantes, Laurent ayant effectué plusieurs ajustements depuis la dernière fois. Cette fois en revanche, leur application serait améliorée, et allait avoir lieu au beau milieu d’une EVA, loin du Hab. Après notre session sportive de la matinée, qui commence à devenir vraiment compliquée à terminer pour plusieurs d’entre nous (dont moi-même) car une sérieuse fatigue s’installe désormais dans l’équipage, Laurent nous a présenté un nouveau briefing traitant des procédures d’urgences. Gabriel, apparemment désigné cobaye officiel de l’équipage, a ainsi pu tester l’efficacité d’un collier cervical, tandis que Jérémy a pu apprendre comment mesurer une tension, ce qu’il a directement voulu mettre en application sur moi-même. Nous avons également appris à stopper les hémorragies, même à travers une combinaison, ainsi que les réflexes à avoir pour être capable d’agir efficacement et rapidement en cas de soucis.

Nous nous rapprochons également de la fin de l’expérience de Gabriel sur « Keep Talking and Nobody Explodes » : les manuels d’instructions sont désormais remplis d’erreurs, et nous devons déterminer lequel d’entre nous est en possession du bon manuel pour chaque module, ce qui n’est pas forcément évident. A l’aube de la dernière session, je mène le classement général, suivi par Victoria et Laurent, tous deux à égalité. Demain sera également le dernier jour où nous pourrons piloter le rover de Jérémy : la fin de la mission semble plus proche que jamais !

L’EVA du jour se déroula exceptionnellement dans l’après-midi, et fut menée par Laurent, afin de mettre en action ses procédures. Il était suivi de Louis, Victoria, et Benoît, qui voulait enfin mettre un point final à son expérience de localisation. Cependant, il fut à nouveau confronté à de nouveau problèmes alors que son instrument avait bien fonctionné au cours des 30 premières minutes. J’avais également demandé à Louis de réaliser quelques plans des quads et rovers pour notre vidéo de rotation, tâche qu’il mena à la perfection.

L’équipe avait également pour but de ramener les panneaux solaires de Laurent et le LOAC de Jérémy à la station, ces deux derniers voulant encore profiter du temps restant pour travailler sur ces instruments à l’intérieur. Mais avant cela, Laurent déclencha la procédure d’urgence : il simula une blessure à Pooh’s Corner, une hémorragie externe suivie d’un arrêt cardiaque. Les autres membres de l’EVA lui ont apporté les premiers soins, et l’ont ramené en rover au Hab, où Victoria l’a accompagné dans le sas. Après la recompression, Jérémy et Gabriel purent s’occuper de lui à l’intérieur.

Pendant ce temps, Benoît, Louis et Victoria retournèrent à Pooh’s Corner pour récupérer nos instruments et les ramener à la station. Le MegaARES est ainsi notre dernier instrument extérieur toujours déployé aujourd’hui : l’équipe prévoit de le rapatrier demain. Pour ma part, je travaille encore à notre vidéo de rotation, ce qui pourrait encore prendre quelques temps, n’étant pas un expert du montage de vidéo !

Alexandre Martin, Journaliste du Crew 189.

Sol 16 : Les experts MDRS

6 mars 2018

SOL 16 – Crew 189 : Les experts MDRS

Rapport du journaliste,

Un intriguant mystère éclata dans le Hab en cette belle matinée. Benoît et Laurent avaient cuisiné du popcorn chicken la veille en soir, et en avait gardé pour Victoria, légèrement malade, et qui les a alors conservés dans sa chambre pour les déguster aujourd’hui. Mais quelle ne fut pas sa surprise de retrouver son assiette vide en se réveillant le lendemain matin ! Plusieurs suspicions furent établies : envers les souris d’abord, l’une d’entre elles ayant déjà des antécédents vis-à-vis d’une certaine barre chocolatée de Gabriel, cependant l’absence de miettes semble réfuter cette théorie. Envers Jérémy et Benoît ensuite, le premier étant absent de l’étage du Hab au moment de la révélation (et les absents ont toujours tort), tandis que le sentiment de manque nutritif du second n’est plus un secret au sein de l’équipage. Mais Victoria aurait certainement été réveillée si quelqu’un s’était introduit dans sa chambre de nuit pour voler son poulet. Le mystère reste entier !


Aujourd’hui était un jour très spécial pour l’équipage : nous recevions en effet deux journalistes d’un des plus grands médias français, TF1. Le présentateur Axel Monnier et le caméraman Bertrand Guez, correspondants de TF1 en Amérique du Nord, arrivèrent aux alentours de 7h, au beau milieu de notre séance sportive. Ils ont ainsi pu nous observer transpirer à grosses gouttes durant nos derniers burpees, une belle entrée en matière. Après un petit déjeuner constitué d’une belle tranche de pain français (pour être exact, d’un pain où le drapeau français avait été dessiné au colorant), il était temps pour une belle partie d’entre nous de partir en EVA ! Nos deux journalistes faisaient partie de la sortie : Axel nous a même imités en portant lui aussi une combinaison. Gabriel, Jérémy, Victoria et moi-même en tant que meneur complétions l’équipe de sortie, relativement nombreuse.


Comme il en va de notre routine, nous nous sommes arrêtés prioritairement à Pooh’s Corner, pour remettre le LOAC à sa place. Place qu’il ne conservera plus si longtemps, car Jérémy a l’intention de le ramener à l’intérieur très prochainement afin d’y effectuer ses dernières mesures. Nous avons ensuite emprunté la route menant à Lith Canyon. Il semble que Bertrand avait besoin de certains plans spécifique, celui-ci s’étant en effet contorsionné dans tous les sens sur son rover, jusqu’à faire frôler le sol à sa caméra, afin de nous enregistrer le suivant sur nos quads. Mais la route se révéla plutôt sans accroc, et c’est sans encombre que nous sommes arrivés à Lith Canyon.


Nos invités eurent l’air enchantés de visiter cet environnement, qui est probablement le plus proche d’un paysage martien que nous pouvons observer dans la région. Notre randonnée au cœur du canyon fut plaisante, bien que peut-être un peu ardue pour Bertrand, encombré par sa caméra pesant pas moins de 15 kilogrammes et 40000 euros. Alors que nous avions atteint une nouvelle petite falaise, il était temps d’arrêter notre descente : Axel et Bertrand ont ainsi pu déployer leur drone pour réaliser quelques plans aériens, non sans avoir effectué une courte interview précédemment. Il était alors temps de repartir au Hab, où nos journalistes désiraient filmer leurs derniers plans extérieurs.


Ils ont pu nous interroger plus en amont durant notre déjeuner, désirant savoir ce que cette mission pourrait apporter, à la fois à nous et à l’avancée de l’exploration spatiale. Nous avons finalement pu leur montrer certaines des expériences que nous avons menées ces dernières semaines, comme le LOAC et le MegaARES durant l’EVA, ou les panneaux solaires de Laurent et l’expérience de facteurs humains de Jérémy une fois à l’intérieur. Mais alors que l’après-midi touchait à sa fin, il était temps pour nos invités de nous quitter, un autre reportage les attendant à Salt Lake City dès le lendemain. Nous avons néanmoins encore beaucoup à faire dans le Hab avant la fin de notre mission, à commencer par notre vidéo de rotation, dont un certain nombre de plans doivent encore être tournés.

Alexandre Martin, Journaliste du Crew 189.

Sol 15 : Le début de la fin

5 mars 2018

SOL 15 – Crew 189 : Le début de la fin

Rapport du journaliste,

Alors que nous étions tranquillement en train d’apprécier notre soirée de repos, une invitée surprise a fait son apparition dans la station : une petite souris surgit de sous un canapé, certainement à la recherche de quelque aliment lyophilisé à se mettre sous la dent. Celle-ci a cependant dû être effrayée par Louis et moi, toujours éveillés à une heure plus tardive que nos compagnons d’équipages (c’est-à-dire autour de 21h). Cependant, il semble qu’elle a finalement rencontré le succès dans sa quête, et pas des moindres ! Gabriel, se réveillant en sursaut, l’a en effet surprise en train de grignoter l’une de ses dernières barres chocolatées, qu’il avait laissée près de son lit. Il a cependant agit rapidement, et a chassé notre petit animal, introuvable depuis.


Il a été encore plus dur de se réveiller tôt ce matin, surtout après un jour de repos où nous avons pu nous laisser aller : la fatigue commence à s’accumuler au sein de l’équipage. Benoît a notamment été incapable de se réveiller à temps pour notre session de sport, qu’il a manquée. Nous n’avons pu finalement le sortir de son hibernation qu’en faisant cuire des pancakes, dont l’odeur semble détenir le secret pour le tirer du lit. Notre EVA du jour avait pour but d’améliorer et de tester certaines de nos expériences, principalement l’expérience de localisation de Benoît, qui y a travaillé un long moment dans le Hab. Pour modéliser des points de repère, il avait apporté des ballons qu’il gonflait à l’hélium. Mais en portant ces ballons multicolores en combinaison, il ressemblait plutôt à un astronaute perdu dans une fête foraine. Accompagné de Louis, Gabriel et Jérémy, meneur du jour, il quitta ainsi la station.


Il est désormais devenu habituel de s’arrêter en priorité à Pooh’s Corner, là où sont déployées la majorité de nos expériences extérieures. Cependant, comme deux batteries devaient être remplacées (LOAC et MegaARES, pour ne pas changer) et que nous n’en avions qu’une de rechange, Jérémy a décidé de ramener le LOAC à la station jusqu’au lendemain. Contrairement aux EVA précédentes, il n’y avait pas d’exploration prévue aujourd’hui, l’équipe étant trop prise par les expériences. Malheureusement, celle portée par Benoît ne trouva pas le succès escompté, plombé par des problèmes GPS qu’il devra corriger plus tard. Pendant ce temps, j’ai commencé à travailler sur notre vidéo de rotation dans la station : après avoir sélectionné la musique et rédigé le script, il est désormais temps de débuter le montage. Beaucoup reste à faire avant le produit fini !


Nos après-midis deviennent plus rythmés qu’avant, la fin de la mission est en vue ! Mais comme chacun veut compléter ses propres expériences, qui peuvent parfois impliquer plusieurs membres de l’équipage, il devient difficile de tout imbriquer dans notre emploi du temps ! Chaque membre est en effet bien occupé : Gabriel a à nouveau géré notre session de KTNE, Louis a tourné une vidéo de la station en réalité virtuelle, tandis que Benoît réalisait de nouvelles observations solaires, pour ne citer qu’eux. Il ne reste que 4 jours de mission avant notre retour sur Terre, et l’un d’entre eux sera bien différent de nos habitudes ! Nous allons en effet recevoir deux journalistes de TF1 demain : la journée promet d’être bien remplie !

Alexandre Martin, Journaliste du Crew 189.

Sol 14 : Second jour de repos / Le…

4 Mars 2018

SOL 14 – Crew 189 : Second jour de repos / Le MegaARES

Rapport du journaliste, Notre second et dernier jour de repos fut le bienvenu après la semaine éprouvante que nous avions passée. L’équipage put rattraper le sommeil perdu, et prendre du temps pour se détendre dans le Hab, autour de films et autres jeux de cartes. Comme prévu, je me pencherais aujourd’hui sur notre seconde expérience extérieure principale et son instrument : le MegaARES.


Le Mega Atmospheric Relaxation and Electric field Sensor (traduisible en méga capteur de relaxation atmosphérique et de champ électrique) est un instrument développé par Grégoire Déprez et son équipe de recherche du LATMOS (Laboratoire atmosphères, milieux et observations spatiales). Plusieurs versions du ARES ont été développées précédemment, notamment parmi elles le MicroARES, qui faisait partie d’un groupe de capteurs présents sur le module Schiaparelli du programme ExoMars, censé effectuer un atterrissage automatique sur Mars le 19 octobre 2016. Mais peu avant l’horaire prévu, le signal fut perdu, et le module s’écrasa sur la planète. MicroARES a ainsi été détruit, et n’a pas pu effectuer de mesure sur Mars.
Cet instrument est capable de mesurer le champ électrique dans des conditions météorologiques favorables, et est même suffisamment précis pour capter des variations minimes de ce champ, que l’on nomme phénomène de résonnance de Schumann. Ces phénomènes, qui ont lieu dans l’atmosphère, pourraient en effet avoir un certain impact sur le climat et la composition chimique de la planète étudiée. Être capable de mesurer précisément ce champ électrique est ainsi une problématique intéressante du domaine de la planétologie. Le champ électrique du désert de l’Utah présente certaines similarités avec celui de la planète Mars sur différents points. Des phénomènes hypothétiquement présents sur Mars pourraient ainsi être observés dans ce désert.


Alors que les scientifiques du LATMOS devront attendre la prochaine mission martienne pour déployer leur instrument, ils utilisent le temps qui leur est alloué pour améliorer ses performances. Les missions analogues comme la nôtre sont ainsi le meilleur moyen qui leur soit parvenu pour travailler autour de leur instrument. À travers MegaARES, spécialement développé pour les mesures terrestres, la collecte et l’analyse de données, mais aussi les composants, pourront être testés durant un certain intervalle de temps auprès de la station MDRS. Cet instrument sera utilisé simultanément avec le LOAC, afin d’étudier les effets croisés entre la composition chimique de l’air ambiant et la dynamique du champ électrique. Le LOAC et le MegaARES pourront ainsi prodiguer une large base de données qui sera utilisée pour de futures expériences autour de la station.


Nous souhaiterions remercier Grégoire Déprez et son équipe, pour avoir accepté de nous prêter cet instrument, et pour nous avoir fait confiance dans son utilisation.

Alexandre Martin, Journaliste du Crew 189, avec l’aide de Gabriel Payen, Ingénieur du Crew 189, en charge de l’expérience du MegaARES.

Sol 13 : Un nouveau membre

3 Mars 2018,

SOL 13 – Crew 189 : Un nouveau membre

Rapport du journaliste,

Notre soirée de la veille fut un peu plus animée que les précédentes. La raison : un magnifique phénomène de Blue Moon (pleine lune géante) se dévoilait dans le ciel dégagé de la nuit étoilée, projetant des ombres d’une pureté incroyable sur le sol du désert. Jérémy, Laurent et Louis avec leur appareils photos, Benoît avec son télescope, et moi-même rien qu’avec mes yeux, avons ainsi pu l’observer dans le calme absolu de notre environnement. Cependant, la soirée ne s’est pas éternisée, pour la simple et bonne raison que nous devions nous lever relativement tôt le lendemain : nous allions en effet accueillir une journaliste, qui passerait la journée entière avec nous, et partagerait ainsi notre quotidien.


Laure Andrillon est une journaliste indépendante et éditrice photographique française, basée dans la région de la baie de San Francisco depuis 2017. C’est elle qui est aujourd’hui venue nous rencontrer, dans le but de rédiger un article traitant de notre mission. Nous l’avons rencontrée vers 7h du matin, juste à temps pour qu’elle puisse nous observer trimer durant notre séance de sport. Elle faisait ainsi partie de notre EVA de la matinée. Benoît, meneur d’un jour, Louis, Laurent et moi-même complétions l’équipe qui se dirigerait vers Lith Canyon, pour une portion d’exploration. Mais avant d’être autorisé à débuter notre balade quotidienne, nous devions retourner à nouveau dans la zone des instruments, afin de remettre le LOAC à sa place, Jérémy ayant terminé les ajustements qu’il voulait y apporter. Notre HabCom Gabriel a également été heureux d’apprendre que le MegaARES avait bien résisté aux vents violents de la veille : mieux, il n’avait pas bougé d’un seul pouce !


Après ce rapide arrêt, j’enfourchai mon quad, prêt à partir en exploration ! Quelques 20 minutes d’une route bien sympathique et nous étions arrivés au bord de la falaise. Comme d’habitude, trouver un chemin praticable ne fut pas évident, mais nous y sommes arrivés sans trop de difficultés. La randonnée fut cependant relativement sportive, et nous avons dû faire plusieurs arrêts afin de régénérer nos forces. Nous avions décidé de suivre un cours d’eau asséché, jusqu’à arriver à la rivière elle-même, plus profondément dans le canyon. Alors que les rafales de vent reprenaient de plus belle, il était alors l’heure de rentrer à la base, non sans avoir pris quelques nouvelles photos en route.


Notre déjeuner fut rythmé par plusieurs débats lancés par notre invitée, notamment à propos d’Elon Musk, de la place des femmes dans notre école et dans le domaine spatial, mais le plus primordial d’entre eux fut à propos de l’exploration spatiale. Elle désirait prendre connaissance de notre avis sur le tourisme spatial, savoir comment nous prévoyions l’évolution des programmes spatiaux, ou encore dans quelle mesure nous estimions l’apport de notre génération dans ce domaine lors des prochaines années. Elle nous a ensuite interviewés séparément, afin de connaître nos projections personnelles pour le futur, mais aussi les raisons qui nous ont poussées à participer à cette mission, et les expériences que nous y avons menées. Cependant, la journée fila assez vite, et il était déjà l’heure pour elle de quitter la station, et ainsi de nous dire au revoir, nous laissant profiter de notre dîner. Demain sera notre deuxième jour de repos, et je peux vous révéler sans trop m’avancer que toute l’équipe en a bien besoin !

Alexandre Martin, Journaliste du Crew 189.

Sol 12 : La force du vent

2 Mars 2018,

SOL 12 – Crew 189 : La force du vent

Rapport du journaliste,

Nous avons repris nos bonnes habitudes sportives ce matin, après notre paresse temporaire de la veille. Nous nous sommes désormais bien habitués à cette activité, surtout en comparaison de nos premières séances, où l’envie de vomir pouvait arriver fréquemment chez chacun d’entre nous, et où nous étions à peine capables de nous tenir debout lorsqu’elles s’achevaient.

Comme l’équipage devait absolument changer la batterie du MegaARES aujourd’hui, une EVA avait été prévue, et serait ainsi complétée par de l’exploration. Gabriel était en charge du bon déroulement de la mission aujourd’hui, et était accompagné de Jérémy, Louis et Victoria. Benoît, Laurent et moi-même restions alors de garde à la base.


Après avoir effectué les habituelles tâches de maintenance, l’équipe avait néanmoins une autre mission à accomplir avant de quitter les alentours de la station. Comme nos talkies-walkies avaient été sujets à problèmes durant la précédente EVA, l’équipe était chargée de les tester autour du Hab. Cependant, ils eurent l’idée de se séparer pour cela, et de tourner dans des sens opposés autour du Hab tout en testant les appareils. Comme on pouvait s’y attendre, le résultat a été une formidable cacophonie de conversations, créant quelques incompréhensions à propos des tests. Lorqu’ils eurent finalement achevé leur cercle, les membres de l’équipe reformée étaient prêts à dompter les quads ! Premier arrêt : les instruments, pour changer les batteries du MegaARES, comme prévu la veille. Cependant, l’équipe remarqua que c’était cette fois-ci l’alimentation du LOAC qui menaçait de s’éteindre. Jérémy a alors décidé de le ramener au Hab, afin d’éteindre son système de ventilation, et ainsi d’économiser de l’énergie et d’augmenter la durée de vie des batteries. Mais cela attendrait la fin de la sortie, car l’équipe ne voulait pas encombrer les quads pour le moment.


L’équipe a eu quelques soucis durant l’exploration : tandis que la radio de Louis commença à rencontrer des problèmes, alors qu’elle était fonctionnelle durant les tests, le bandana de Victoria se détacha et ses cheveux tombèrent devant ses yeux, limitant ainsi ses mouvements. L’exploration est ainsi restée relativement réduite tout au long de l’EVA : contrairement à hier, l’équipe n’a pas beaucoup marché, mais s’est arrêté à plusieurs endroits afin de prendre de multiples photos. Après cette petite balade en quads, il était temps pour eux de revenir au MegaARES, afin de récupérer la clé USB que Gabriel avait laissé là pour collecter ses données. Mais alors que le vent se levait fortement, il s’inquiétait au sujet de la résistance de son instrument. Il décida finalement de le laisser là, en espérant que le vent ne se transformerait pas en tempête. C’était également la première EVA où l’expérience de Louis (celle qui avait à un moment eu besoin de gants tactiles), traitant de la gestion de temps en sortie, fonctionna tout du long. L’équipage eu finalement quelques inquiétudes lorsque Victoria expliqua qu’elle ressentait une douleur dans son poignet, lequel avait cassé l’an dernier. Cependant, après inspection de Laurent, cela s’avéra n’être qu’une douleur de fatigue. L’après-midi fut comme d’habitude moins dense : Gabriel et Jérémy opérèrent leurs expériences de facteurs humains, qui sont finalement toutes deux fonctionnels après les nombreuses difficultés de début de mission. Cependant, ils furent quelque peu dérangés par les vents violents, ceux-ci perturbant les communications et faisant même parfois tremble la station entière. Dans le même temps, Jérémy eut l’envie de cuire un nouveau pain, et suivit l’idée de Benoît d’ajouter du colorant en y apposant sa touche personnelle : il y peint (bon, assez sommairement) le drapeau martien.

Alexandre Martin, Journaliste du Crew 189.

Sol 11 : Plus loin, plus vite, plus fort

1er Mars 2018,

SOL 11 – Crew 189 : Plus loin, plus vite, plus fort

Rapport du journaliste,

Pour la deuxième fois de la simulation, nous n’avons pas effectué notre séance de sport ce matin. Mais cette fois-ci, ce n’est pas parce que nos commandants avaient décrété un jour de repos. Non, l’équipe a juste été incapable de se réveiller assez tôt pour en avoir le temps ! Mais ce n’était pas une grasse matinée collective pour autant. À 9h, nous étions parés et équipés pour partir pour l’EVA prévue à cet horaire-là. Pour la première fois, la sortie s’effectuera sans la présence d’un de nos commandants : Victoria et Louis resteront à la base ! Laurent, Benoît et Jérémy formaient l’équipe, dont j’avais à charge le commandement. Un petit arrêt habituel était prévu auprès du LOAC, afin de changer ses batteries. Mais alors que nous étions prêts à repartir, Jérémy remarqua que le niveau de charge des batteries du MegaARES était dangereusement bas. Nous avons ainsi dû retourner au Hab pour demander à Gabriel quelle était la procédure à suivre. Pour lui, pas d’urgence pour le moment, cela pouvait attendre demain. Nous pouvions basculer vers le noyau de notre EVA : l’exploration.


Comme nous nous rendions bien plus au nord qu’habituellement, nous avons décidé de nous servir des quads : un pour chacun d’entre nous ! Ceux-ci sont en effet bien plus rapides et agréables à conduire que les rovers. Et comme nous n’avions conservé aucun instrument lourd avec nous, il n’y avait aucune raison d’avoir besoin de ces derniers. Après 20 minutes de conduite, un temps au final assez long par rapport à nos autres EVA, surtout en quad, nous sommes arrivés au canyon que nous souhaitions explorer aujourd’hui. Un canyon d’ailleurs assez spécial, puisque divisé en plusieurs strates bien définies en dessous de celle où nous avons garé les ATV : il fallait descendre pas moins de 3 pour atteindre le point le plus profond ! L’entrée du canyon était d’ailleurs décorée d’un panneau d’affichage traitant de dinosaures, dont certains fossiles peuvent a priori être découverts dans la région. Sûrement pas le plus martien des objets que nous avons découverts ici, mais il est quand même bien sympathique de savoir cela ! Nous avons ensuite cherché un chemin permettant de descendre au premier niveau, ce qui n’a pas forcément été évident, mais nous y sommes finalement parvenus. Cette ballade au cœur du canyon était bien agréable, bien qu’assez exigeante par endroits ! Nous avons même trouvé quelques petites grottes sous les rochers où Benoît et moi avons pu nous reposer, tandis que Jérémy semblait avoir emprunté l’attrait de celui-ci pour les petits cailloux brillants. Alors que nous avions complété notre ballade au cœur de la roche, il était temps d’enfourcher les quads pour retourner à la base !


Le trajet retour fut incroyable. Pouvoir conduire un véhicule solitaire dans ce magnifique paysage ocre, la sensation de parcourir les roches avec notre quad, tout était extraordinaire. Mais ce moment ne pouvait pas durer éternellement, et le Hab apparut bientôt devant nos yeux, prêt à nous accueillir. Ou du moins, c’est ce que nous pensions. En effet, 5, puis 10 minutes plus tard et Gabriel, HabCom du jour, n’avait toujours pas répondu à nos apppels. Nous avons alors décidé de repartir sur nos quads vers les instruments, afin d’y récupérer la batterie que nous avions laissé afin de ne pas encombrer les quads. À notre retour, Gabriel nous répondit enfin ! Cependant, c’était pour nous demander de repartir d’où nous venions afin d’éteindre le MegaARES. Aller-retour qui s’est finalement révélé inutile, car le MegaARES s’était éteint entre-temps à cause de la charge insuffisante de la batterie. Gabriel fut en passant sujet à quelques remarques désobligeantes durant ce trajet dont nous aurions pu nous passer. Remarques que nous avions finalement regrettées lorsque nous nous sommes rendu compte que nos soucis de communications étaient dus à des problèmes techniques relatifs aux talkies-walkies.


Notre session journalière de KTNE s’est moins bien passée que celle de la veille, surtout pour Benoît et Louis, qui en 3 minutes n’ont pas réussi à trouver un mot dans une liste de 25, et qui ont eu certaines difficultés à compter jusqu’à 4, ce qui a créé des engueulades assez amusantes à voir. Et aujourd’hui a aussi été le jour où j’ai (enfin) pu prendre ma première douche ! J’ai d’ailleurs battu le record de l’équipage, en utilisant seulement 4,5L d’eau pour celle-ci, ce qui ne m’a cependant pas empêché d’être propre en sortant ! Il est assez difficile de dire que nous avions presque perdu l’habitude de sentir bon ici. La douche était néanmoins très agréable (même si sa température ne devait pas dépasser les 20°C) et il est bon de sentir que mes cheveux ne tiennent plus tous seuls au-dessus de ma tête !

Alexandre Martin, journaliste du crew 189

Sol 10 : Déjà à la moitié

28 février 2018

SOL 10 – Crew 189 : Déjà à la moitié

Rapport du journaliste,

Aujourd’hui est déjà notre 10ème jour de mission, ce qui signifie que nous allons dépasser sa première moitié. Mais au final, ce jour charnière a été relativement calme. Aucune EVA n’était en effet prévue aujourd’hui. Après notre séance sportive quotidienne, une belle partie de l’équipage travailla dans le GreenHab, dans le but de replacer la bâche protégeant les plantes de la lumière du Soleil, car celle-ci était tournée dans la mauvaise direction. Une tâche finalement assez ardue à compléter, notamment car la température du GreenHab est proche des 35°C, soutirant beaucoup de transpiration à l’équipe. En fin de matinée, les deux équipes écrasèrent la séance de KTNE, jeu qui semblerait devenir trop facile pour nous … Jérémy a quant à lui eu moins de succès dans son expérience de facteurs humains : à cause de problèmes de connexion web entre son rover et son ordinateur, Benoît a été incapable de conduire le rover.

Tandis que Louis et Victoria débutaient une séance supplémentaire de sport, créant certaines interrogations à propos de leur santé mentale dans l’équipe, Benoît et Gabriel essayèrent de vivre une nouvelle expérience culinaire en mélangeant des colorants alimentaires aléatoires dans de la pâte à pain. Le résultat, finalement assez évident : un pain qui partage sa couleur avec les Schtroumfs. Des rumeurs d’un marché noir de nourriture, notamment vis-à-vis des barres chocolatées, commencent à éclater dans le Hab. Il se murmure que Benoît en serait l’instigateur.


Comme la moitié de la mission s’achève déjà, il est temps de tirer un premier bilan de notre expérience de vie ici. Notre vie quotidienne a en effet subi des changements drastiques depuis notre arrivée dans la station ! Prendre une douche quotidienne : terminé. Faire une vaisselle complète après chaque repas : terminé. Manger sans compter : terminé. Aller se balader à l’air libre dès que l’on veut : terminé. Pouvoir contacter nos proches à n’importe quel moment : terminé. Pouvoir s’isoler complètement un moment : terminé. Nous avons ainsi dû nous habituer à ces nouvelles contraintes. Si chacun semble avoir ses propres manques spécifiques, la séparation avec les proches est souvent le plus difficile à vivre, suivi du rationnement alimentaire, puis de la sensation d’enfermement. Nous avons appris à économiser à peu près n’importe quoi : de l’eau aux denrées alimentaires, de nos réserves d’oxygène en EVA à notre énergie durant les séances de sport. Pour le moment, aucun de nous n’a par exemple pris plus d’une douche ! Et ce n’étaient pas le type de douche habituellement effectuée : nous conservions l’eau dans une large bassine dans le but de se rincer avec. Au final, les économies réalisées donnent matière à réflexion sur notre consommation habituelle, largement excédentaire.

Mais question rationnement, le plus difficile à vivre pour l’équipage est sûrement l’alimentaire : ne pas avoir l’impression d’avoir le ventre plein, même si la sensation de faim a disparu, est très désorientant pour chacun. Cependant, il ne reste que 9 jours de mission : c’est à nous de continuer sur les mêmes bases !


Alexandre Martin, Journaliste du Crew 189

Sol 9 : En cas d’urgence

27 février 2018

SOL 9 – Crew 189 : En cas d’urgence

Rapport du journaliste,

Comme notre EVA du jour était prévue pour l’après-midi, notre séance de sport a été décalée d’une heure. Mais comme j’ai évidemment oublié de changer l’heure de mon réveil, j’étais le seul à être debout à 6h30. Dans l’incapacité de me rendormir, j’ai décidé d’attendre notre séance de l’enfer : c’était le retour des séries en 3 fois 20 secondes. Cependant, il semblait que notre sport quotidien commençait à porter ses fruits chez chacun ! Nous avons en effet tous battus nos records personnels dans presque chaque exercice : Louis est monté à 70 pompes, Jérémy à 90 semi-squats, et moi à 85 fentes, chacun en 1 minute, pour donner quelques exemples. Laurent a même été capable de réaliser 104 levers de tête, même si de vrai crunchs auraient été préférables. Après près de 10 jours dans la station, nous sommes tous en meilleure forme, et chacun s’est affiné : plus d’un kilogramme de graisse a été perdu par chacun !


La journée a presque entièrement été consacrée aux procédures d’urgence. Laurent, notre responsable santé et sécurité, nous a préparé un briefing de 2 heures dans la matinée. Il nous a expliqué les bonnes habitudes à prendre lorsque nous découvrons un blessé. Le plus important étant de faire un bilan complet de la situation et de ne pas se précipiter : il faut savoir si le lieu est toujours à risque, ce qu’ont été les causes de l’accident, et connaître l’état de la victime. Victime qui d’ailleurs a longuement été jouée par Gabriel, répétitivement placé en position latérale de sécurité (aussi connue sous le nom de PLS) par ses équipiers et colocataires. Mais après cette démonstration assez générale, il était temps de devenir plus spécifique, en rapport avec notre environnement. Nous ne sommes pas dans une simulation martienne pour rien ! Dans de telles circonstances, ces gestes seraient en effet pratiqués à travers des combinaisons spatiales … Certains de ces gestes deviennent alors bien plus complexes : dans le cas d’un choc aux vertèbres, il serait par exemple impossible de maintenir la tête en place à cause du casque. Les massages cardiaques seraient compromis, et même savoir si quelqu’un respire ou non devient ardu. Finalement, rapatrier quelqu’un à la station serait également compliqué : le poids de chacun augmente de 10kg à cause de la combinaison, où il n’y a d’ailleurs aucune prise solide.


Laurent était ainsi le meneur de l’EVA d’aujourd’hui, où il souhaitait pouvoir tester et adapter de nouvelles procédures adaptées au milieu spatial dans des conditions réelles. Il était ainsi accompagné de Louis, Victoria, Gabriel et Benoît. Jérémy et moi-même étions les deux seuls à garder le fort. Tandis que Victoria, Gabriel et Benoît firent un petit détour dans la zone des instruments afin de changer les batteries du MegaARES, Louis et Laurent s’occupèrent de petites tâches autour du Hab. Alors que l’autre moitié de l’équipe était très rapidement revenue, ils étaient fin prêts à démarrer les essais des procédures. Victoria a semblé apprécier la position latérale de sécurité, une position dans laquelle elle s’est relativement souvent retrouvée. L’équipe a ainsi simulé un grand nombre de blessures et diagnostics différents, afin de couvrir le plus de situations qui pourraient un jour se dérouler dans l’espace. Pendant ce temps, j’occupais le rôle de HabCom dans la station : j’étais le référent de la mission à l’intérieur du Hab, collectant les informations qu’ils me confiaient à propos des informations de la station, comme notre niveau d’eau potable, l’état de nos véhicules, … Ils revinrent dans le Hab après finalement seulement 2 heures, après avoir terminé tout ce qu’ils souhaitaient faire lors de l’EVA.


Notre soirée a été rythmée par notre désormais traditionnelle session de KTNE, qui commence vraiment à se complexifier : les instructions sont incomplètes dans chacun des manuels, et les équipiers doivent être coordonnés afin de pouvoir réussir le désamorçage. Gabriel a également donné le premier classement : Victoria et moi-même sommes en tête pour le moment, cependant les choses vont certainement rapidement changer, car le plus dur reste à venir ! Benoît commence aussi à avoir quelques soucis à gérer les denrées alimentaires. Alors que nous avons répartis nos barres énergétiques hier, il déjà quasiment vidé la moitié de son stock ! Cela risque d’être difficile de continuer sur le même rythme jusqu’à la fin de la mission !

Alexandre Martin, Journaliste du Crew 189

Sol 8 : De l’eau sur Mars ?

26 février 2018

SOL 8 – Crew 189 : De l’eau sur Mars ?

Rapport du journaliste,

Comme une belle partie de l’équipage commençait à accuser le coup niveau alimentation, Benoît, avec l’aide de Jérémy, a décidé de nous préparer des pizzas. Cela n’a pas été facile en utilisant uniquement des produits déshydratés, cependant avec quelques assaisonnements que Jérémy a rapportés du GreenHab, les pizzas devenaient littéralement incroyables, et aller au lit avec un estomac bien plein n’avait pas de prix.


« Debout » ! Cette fois-ci, ce n’est pas mon réveil, que j’avais oublié de relancer après notre jour de repos, qui m’a tiré du lit, mais par le bruit soudain de Victoria toquant fortement à ma porte. Après une journée complète où nos muscles ont pu se détendre, il étant temps de retourner au sport, et avec cela de récupérer nos courbatures si difficilement perdues. Une sortie était prévue aujourd’hui. Et pour la première fois de la mission, ni Louis ni Victoria ne serait leader de l’EVA ! Ce sera Jérémy en charge aujourd’hui, accompagné de Gabriel, Victoria et moi-même. Un petit arrêt d’usage aux instruments était prévu, ce afin de changer la batterie du LOAC. Cependant, le voltmètre semblait avoir attrapé froid, et ne nous donnait quasiment aucune information. Jérémy a ainsi failli confondre la batterie déchargée à ramener au Hab avec celle à brancher au LOAC … Après avoir visité le nord de la station en long et en large depuis de début de la mission, il était temps d’aller explorer l’autre extrémité : le sud. Mais ce ne fut pas chose facile, car notre carte a parfois été difficile à interpréter, et nous avons mis un peu de temps à trouver l’endroit où nous souhaitions nous arrêter.


Nous sommes finalement arrivés au bord d’un petit canyon, qui était l’objet de notre visite du jour. Après un petit détour pour trouver une entrée accessible, nous avons été capables de descendre à l’intérieur. Dans son ombre, nous avons découvert quelque chose que nous ne nous attendions pas à trouver dans un tel environnement : de larges étendues d’eau glacée, certes peu profondes. Jérémy n’a d’ailleurs pas pu s’empêcher d’aller sauter dessus pour tester leur solidité, mais il s’est vite ravisé lorsqu’il a réalisé que des fissures commençaient à se former. Après avoir terminé notre traversée du canyon et pris quelques photos, nous sommes retournés à nos véhicules pour rentrer à la station. Cette EVA fut finalement assez courte, mais bien sympathique !

Comme nos réserves de pâtes et de riz commençaient à décliner dangereusement, nous avons dû nous tourner vers le dernier féculent que nous avons en quantité : les haricots. Nourrissants certes, mais bien moins appétissants, surtout sous leur forme déshydratée. Comme d’habitude, nous avons ensuite planifié notre petite session de « Keep talking and nobody explodes ». La difficulté a été rehaussée (Louis en a notamment fait les frais), et nos équipes ont été séparées, ce qui a parfois causé de mauvaises interprétations et des incompréhensions.

Alexandre Martin, Journaliste du Crew 189