Bonjour à toutes et à tous et bienvenu pour ce nouvel épisode de « Interview avec ». Aujourd’hui c’est à moi de répondre aux questions que mes coéquipiers m’ont posé !
Mais avant, comme toujours, parlons un peu de ce qu’il s’est passé pendant ce Sol 16 sur Mars.
Nous allons essayer de faire ça rapidement aujourd’hui car il se fait tard, écrire l’interview m’a pris du temps.
Ce matin, Maxime, François et Clément sont partis explorer, une fois n’est pas coutume, le Sud de la station. Ils sont allés dans la région que l’on appelle ici Kissing Camels (« Les chameaux qui s’embrassent » en français, ne me demandez pas pourquoi, je n’y étais pas). Ils ont escaladé une crête et découvert une magnifique vue sur le Sud qui est, selon eux, caractérisée par un style très typique de la planète rouge. Il y a eu beaucoup de vent cet après-midi et ils crurent l’espace d’un instant à une tempête de sable, synonyme de danger extrême sur Mars. Heureusement, le bulletin météo envoyé par le Mission Support hier ne mentionnait rien de tel, ils n’avaient donc rien à craindre. Ils ont, au cours de leur exploration minutieuse, découvert un gisement de bois pétrifié. Je ne suis malheureusement pas très savant sur ce sujet, tout ce que je peux vous dire c’est que les fragments qu’ils ont pu prélever sont magnifiques.
Cet après-midi, Marion, notre Crew Scientist, a tourné plein de vidéos à propos de nos expériences. Je peux d’ores et déjà vous annoncer qu’à notre retour, nous publierons sur notre chaîne YouTube des versions vidéo des formats « Interview avec » et « Gros plan sur ». Je m’occuperai des « Interview avec » et Marion, en tant que Crew Scientist, des « Gros plan sur ». Nous avons hâte de monter et de publier ses vidéos. On espère qu’elles vous plairont !
Il est maintenant l’heure de l’épisode d’aujourd’hui de « Interview avec » ! Clément, en tant qu’ancien journaliste d’équipage, commencera cette interview ! J’espère qu’elle vous plaira !
« Clément : Bonjour Pierre, comment ça va ?
Pierre : Super merci ! Ça fait un peu bizarre de passer de l’autre côté de l’interview et d’être celui à qui on pose les questions !
Clément : Pour commencer, est-ce que tu peux te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?
Pierre : Je vois que tu connais bien le format des « Interview avec » ! Bon, je m’appelle Pierre Fabre et je suis le journaliste de l’équipage 240. Je suis étudiant ingénieur à l’ISAE-SUPAERO. J’ai également effectué un ERASMUS à la Escuela Politécnica de Madrid dans le master de Data Science et Machine Learning. Je suis actuellement en année de césure et j’en ai déjà profité pour effectuer un stage de recherche au LAAS-CNRS en automatique. Le stage portait sur la commande basée évènement pour des systèmes non linéaires. Quand nous reviendrons sur Terre, j’effectuerai un autre stage chez Safran, à Paris, sur le sujet du Model Predictive Control ! Pour ma dernière année à l’ISAE-SUPAERO j’aimerais me spécialiser en automatique et en systèmes autonomes. Dans le futur j’aimerais combiner l’automatique et le reinforcement learning sur des applications qui ont du sens pour moi. A part ça j’aime beaucoup l’escalade et plus particulièrement l’escalade de bloc. J’ai hâte d’aller à Fontainebleau pendant mon stage à Paris, c’est un peu le paradis sur Terre pour les amateurs de bloc.
Clément : Pierre, comme tu l’as dit dans ta présentation, tu es le journaliste de cet équipage, peux-tu explique en quoi consiste ton rôle ?
Pierre : Le rôle du journaliste est d’envoyer quotidiennement un rapport au staff de la MDRS. Ceci implique d’aller voir mes coéquipiers pour leur poser des questions sur leur journée, comment ils se sentent ou comment avancent leurs expériences. En plus de ça, je dis également traduire mon rapport de l’anglais vers le français puis les envoyer sur Terre. Nos collègues sur terrestre postent ensuite les rapports reçus sur notre site internet et écrivent des posts sur les réseaux sociaux en utilisant les photos.
Julie : Salut Pierre ! Je voulais savoir : Pourquoi avoir postuler pour le rôle de Journaliste ?
Pierre : Salut Julie ! C’est une très bonne question ! Je pense que le rôle de journaliste est assez important. Il est important pour les gens qui nous suivent depuis la Terre et qui vivent notre mission à travers les rapports. Il est également important pour nos familles qui veulent recevoir de nos nouvelles et savoir comment se passe la mission. Mais il est aussi important pour nous car ces rapports sont l’unique moyen pour nous de raconter ce que nous faisons sur Mars et de décrire comment nous nous sentons. J’a été attiré, je crois, par cette responsabilité et par la possibilité qu’elle offre d’écrire et de raconter des choses, activité que j’apprécie.
Maxime : Salut Pierre ! Je voulais te demander : C’est quoi la partie que tu préfères dans ton rôle ?
Pierre : Salut Maxime ! Pas facile cette question ! Je dirais que ce que je préfère, c’est les formats « interview avec » et « Gros plan sur ». J’adore les interviews car c’est une super occasion de discuter seul à seul avec mes coéquipiers. Ça peut paraître étrange mais ces occasions sont très rares ! J’adore les interviews en elles-mêmes qui vous permettent de mieux nous connaître, mais ce que je préfère c’est les discussions entre les prises. C’est un moment de confiance durant lequel on peut se confie librement sur les problèmes que l’on rencontre, comment l’on se sent et parfois ça me permet d’aider à améliorer la situation si je le peux. J’adore aussi les « Gros plan sur » pour les raisons que j’ai déjà évoquées dans le rapport d’hier. Je pense que cette mission et une opportunité parfaite pour parler de Mars, d’Espace et de Sciences à un large publique et j’aime l’idée que des personnes pourraient apprendre des choses en lisant mes rapports.
Marion : Salut Pierre ! Quelle est alors la partie la plus difficile de ce rôle ?
Pierre : Salut Marion ! Encore une question difficile ! Là encore j’ai deux réponses qui me viennent. La première c’est le décalage en termes d’horaires avec mes coéquipiers. Il n’est pas aisé de parler de ce qui s’est passé pendant une journée qui n’est pas encore terminée. Il me faut souvent attendre la fin d’après-midi avant de pouvoir construire la première partie de mon rapport (la deuxième partie est moins contraignante car les « gros plan sur » et les « interview avec » peuvent être écrits plus tôt dans la journée). Je commence donc souvent à écrire cette première partie à l’heure où mes coéquipiers finissent leur journée et se détendent. Ça peut être très frustrant car ils apprécient vraiment ces moments de calme, de discussions et de rires et je ne peux souvent pas y prendre part. La deuxième réponse à ta question Marion, c’est le manque de retours sur mon travail. Les seuls retours que je reçois sont ceux de mes coéquipiers quand ils ont le temps ou veulent lire mes rapports, ceux du staff de la MDRS et ceux de nos collègues sur Terre. Il y a, je l’espère en tout cas, plus de personnes qui lisent ces rapports et c’est parfois frustrant de ne pas recevoir leurs retours.
François : Salut Pierre ! Je me demandais, d’où te vient ton inspiration ?
Pierre : Salut François ! Bonne question ! Avant la mission j’avais peur de manquer d’inspiration, peur de la page blanche. Trois semaines de rapports c’est beaucoup et je n’étais pas certain de pouvoir trouver des sujets intéressants tous les jours. Plus les jours passent, moins les journées sont remplies et moins il y a de choses à raconter dans les rapports. C’est pour cela qu’avant le départ j’ai créé un planning pour les rapports. Chaque épisode de « Interview avec » ou de « Gros plan sur » était planifié et je savais précisément quand j’allais faire des rapports sur la maison martienne ou sur la nourriture martienne. C’est un vrai soulagement pour moi car même si je ne trouve rien à dire sur la journée, j’ai toujours quelque chose d’intéressant à dire dans mon rapport. Une fois cette source de stress évacuée, l’inspiration vient assez naturellement. Pour être honnête je ne pense pas que mon style d’écriture nécessite beaucoup d’inspiration, l’objectif pour moi est de raconter notre journée d’une manière que tout le monde puisse comprendre et que le maximum de personnes prenne du plaisir à me lire.
Clément : Pierre, tu as été ces dernières semaines notre seul contact avec la Terre, mais nous n’avons pas reçu beaucoup d’informations de là-bas. Comment tu te sens à l’idée que dans quelques jours tu pourras découvrir les réactions des gens à tes rapports ?
Pierre : Wow ! j’avoue ne jamais y avoir pensé, mais j’imagine que tu sais de quoi tu parles en tant que Journaliste de ton précédent équipage. Laisse-moi réfléchir. Je crois que je suis pressé de voir les réactions qu’ont suscité mes rapports, comme je le disais à Marion, le manque de retour est parfois difficile à gérer, mais je crois que j’appréhende également le moment où je vais découvrir ces réactions. En fait, je ne sais absolument pas à quoi m’attendre, je ne sais même pas combien de personnes lisent ces rapports. Je pense que ça ferait du bien de lire des retours positifs sur ces rapports pour lesquels j’ai travaillé dur, mais ça serait en même temps frustrant de lire des commentaires constructifs qui auraient pu m’aider à améliorer la qualité des rapports car il serait trop tard pour changer quoi que ce soit. Le pire scénario serait de me rendre compte que tout le monde se fiche des rapports quotidiens mas tachons de ne pas y penser ! Désolé pour cette réponse un peu brouillonne mais c’est tout ce que j’ai ! »
C’est tout pour cet avant-dernier épisode de « Interview avec » ! C’était vraiment chouette d’échanger les rôles et mes coéquipiers ont posés des questions très intéressantes ! J’ai dit avant-dernier car à notre retour sur Terre j’interviewerai notre botaniste Raphael qui n’a malheureusement pas pu venir avec nous sur Mars. J’ai hâte de faire cette interview, c’est important pour moi de l’interviewer lui aussi !

1 commentaire
Message pour Pierre,
suite à ton interrogation lors de ton interview je voulais te rassurer , il y a au moins une personne sur terre qui lit et qui apprécie tes rapports ( beaucoup plus je pense) , j’ai appris beaucoup de choses grâce à toi et il me semble que tu retranscris bien l’ambiance « à bord » ( je n’y suis pas donc je ne peux juger mais j’en ai l’impression).
félicitations pour ton travail.